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LIBÉREZ VOTRE CERVEAU !
avons un ego, nous avons tendance à croire que notre morceau de
vérité représente le tout, ou du moins qu’il est plus gros que celui
du voisin, et que si nous donnons ce morceau de vérité, nous allons
perdre en statut social.
Les échanges de savoirs, quant à eux, obéissent au moins à trois
règles. D’abord, ils sont à somme positive, parce que quand on
partage un bien matériel on le divise, quand on partage un bien
immatériel on le multiplie. Si je vous donne 20 euros, je ne peux
pas les donner aussi à quelqu’un d’autre. Par contre, si je donne à
quelqu’un la connaissance de ce livre, je peux la donner à quelqu’un
d’autre encore. Ensuite, les échanges de connaissance prennent du
temps. Un transfert de propriété est instantané sur les marchés
financiers, à tel point qu’il existe aujourd’hui du trading haute
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fréquence dont la limite légale est la nanoseconde , mais ce livre,
par exemple, vous ne pourrez pas le lire en une nanoseconde…
Enfin, les combinaisons de savoirs ne sont pas linéaires. Si l’on met
un sac de riz et un autre sac de riz ensemble, cela fait deux sacs
de riz, c’est linéaire. Mais si l’on met deux savoirs ensemble, cela
crée un troisième savoir, règle connue dès l’Antiquité, et à l’ori‑
gine des grandes bibliothèques comme Herménopolis, Alexandrie,
Pergame, etc.
Tout le monde naît
avec du pouvoir d’achat
On peut esquisser des équations simples pour définir les flux de
connaissance. Pour acheter un savoir, il faut payer de l’attention
multipliée par du temps. D’un point de vue économique, on peut
ainsi écrire simplement :
φ(k) α At
Cela signifie que « la connaissance échangée est proportionnelle
à l’attention multipliée par le temps ». Cette équation est limitée
mais elle demeure puissante. Elle permet de fonder une économie
1. Cela signifie que l’on peut échanger un sac de riz un milliard de fois par seconde
sur les marchés financiers.
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