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LA NEUROERgONOMIE POUR L’ÉCONOMIE DE LA CONNAISSANCE
                  de la connaissance avec une théorie de son pouvoir d’achat. Les
                  économistes américains Beck et Davenport ont bien compris qu’il
                  existait une économie de l’attention . Aujourd’hui, l’information
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                  est surabondante, mais l’attention, elle, est de plus en plus limitée.
                  L’attirer vaut beaucoup d’argent. C’est pourquoi, lorsqu’on veut
                  acheter du savoir, il faut payer de l’attention fois du temps – d’où
                  l’expression anglaise pay attention. Dans l’économie de la connais‑
                  sance, l’unité de pouvoir d’achat n’est pas le temps mais l’At – que
                  l’on pourrait noter @, avec deux barres, pour signifier une devise
                  économique –, soit une heure à attention maximale.
                    L’attention maximale est une notion assez facile à saisir : vous y
                  êtes quand vous êtes à ce point absorbé par un livre que vous ratez
                  votre station de métro.

                    L’At est donc l’unité d’achat de base dans l’économie de la
                  connaissance. Pour télécharger un savoir dans son cerveau, c’est
                  elle qu’il faut dépenser. D’un point de vue cérébral, on écrira plus
                  précisément :

                                            φ (k) α A(t)
                                             i
                    Soit : « Le débit instantané de connaissance est proportionnel à
                  l’attention, qui varie dans le temps. »
                    L’idée que, dans l’économie de la connaissance, le pouvoir d’achat
                  est fixé en At a des conséquences magnifiques. D’abord, cela signi‑
                  fie que tout le monde est né avec du pouvoir d’achat. Le jeune
                  Somalien n’est pas né avec 1 000 dollars en poche, mais, même si
                  l’accès aux marchés du savoir ne lui est pas encore garanti, il a de
                  l’attention et du temps disponibles à la naissance. Si l’on calcule
                  un revenu mensuel d’« At de poche » (des At pour consomma‑
                  tion personnelle), il apparaît qu’en économie de la connaissance,
                  le chômeur a un plus haut revenu que le salarié.
                    Par ailleurs, si l’on compare un supermarché classique à un
                  supermarché des savoirs, on observe deux différences fondamen‑
                  tales : lorsque je visite un supermarché normal sans rien dépenser,
                  mon pouvoir d’achat est inchangé ; mais si je passe une heure dans


                    1.  Davenport, T. H. et Beck, J. C, The attention economy : Understanding the new
                  currency of business, Harvard Business Press, 2013.

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