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JOUER, TRAVAILLER, VIVRE…


                  Neuroergonomie de la sexualité


                  Séduction et addiction
                    Si l’ego est le premier destructeur dans une entreprise, il l’est
                  aussi dans le couple. L’ego, c’est celui qui nous dit : « Donne‑ moi
                  ce que je veux » quand le moi véritable nous demande timidement :
                  « Donne‑ moi ce dont j’ai besoin. »
                    Il existe deux types de couples. Le premier, basé sur l’ego, obéis‑
                  sant à une formule contractuelle (« c’est donnant‑ donnant ») qui
                  risque d’être déséquilibrée chaque fois que l’offre et la demande
                  mutuelle ne sont plus remplies ; le deuxième, rarissime, est basé
                  sur l’amour inconditionnel.
                    En général, les êtres qui partagent un tel amour n’ont besoin ni
                  de diagnostic ni d’assistance scientifique. Les ressorts neuroergono‑
                  miques de l’attraction, de l’addiction et de la formation mécanique
                  des couples demeurent, en revanche, très intéressants pour qui veut
                  améliorer son expérience romantique d’autrui.
                    Les techniques de séduction sont nombreuses et connues, en par‑
                  ticulier dans le cas homme‑ femme où elles sont le plus documen‑
                  tées. Bien avant l’apparition des pick- up artists (cette communauté
                  d’experts en drague), les services de renseignement élaboraient,
                  délivraient et peaufinaient des techniques pour se rapprocher
                  romantiquement d’une cible, homme ou femme, dans le but de la
                  rendre émotionnellement dépendante et de tirer d’elle un maximum
                  d’informations. Car l’humain, on le sait maintenant, a une forte
                  addiction aux émotions et l’immense majorité des mécanismes de
                  séduction joue dessus. Pour susciter l’attachement d’une cible, on
                  partagera des émotions fortes avec elle, si possible sur une longue
                  période. De fait, nous faisons d’autant plus confiance à quelqu’un
                  que nous avons vécu avec lui des événements marquants, et nous
                  pouvons, dans certaines conditions, confondre ces émotions fortes
                  avec un sentiment romantique.
                    La base de la séduction (ou pick- up art), c’est donc le « dealer
                  émotionnel » : on suscite une dépendance forte de la cible, en lui
                  offrant, en quantités contrôlées, les émotions, mots et comporte‑
                  ments qu’elle désire, souvent sans le savoir. Cette méthode ne peut


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