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JOUER, TRAVAILLER, VIVRE…
et la sagacité. Ces deux caractéristiques témoignant d’une capacité
à chasser et à défendre sa progéniture, on peut comprendre leur
prévalence dans de nombreuses cultures.
L’attirance de l’homme pour la femme, en revanche, relève plus
souvent de la génétique. Le rapport taille‑ hanche (autour de 0.75
donc ¾) est un facteur d’attractivité sexuelle très partagé dans le
monde. Une femme callipyge « signale » d’une certaine manière à
un homme que l’enfant qu’elle portera ne manquera pas d’acides
gras essentiels, nécessaires au bon développement cérébral. Notons
cependant que, si un marqueur d’attractivité partagé signifie une
forte probabilité de plaire dans tous les pays, de nombreux facteurs
culturels peuvent rendre un homme ou une femme attirants chez
le sexe opposé. En aucun cas l’attractivité d’un homme ou d’une
femme n’est enfermée dans la génétique ; je pense d’ailleurs, au‑
delà de la génétique, que l’épanouissement est le plus puissant des
aphrodisiaques humains.
L’observation générale qui demeure, c’est que les hommes
désirent maximiser leurs opportunités de relations sexuelles, tandis
que les femmes désirent les sélectionner davantage. L’application
de rencontres hétérosexuelles en ligne « Tinder » témoigne de cette
asymétrie : des photographies défilent et l’utilisateur/trice doit les
faire glisser à gauche de l’écran de son téléphone si elles ne lui
plaisent pas ; à droite si elles lui plaisent. Sans surprise, les hommes
font défiler beaucoup plus de profils par jour que les femmes,
ce qui constitue l’un des problèmes principaux de l’application
aujourd’hui.
Les lois de l’attraction
Dans une expérience devenue célèbre, le biologiste suisse Claus Wede‑
kind a voulu savoir si la diversité génétique du complexe majeur d’histo‑
compatibilité (CMH, un rouage critique de notre système immunitaire),
pouvait expliquer en partie pourquoi une odeur corporelle masculine
plaisait davantage à certaines femmes hétérosexuelles. Il fit porter un
T‑ shirt deux nuits durant à des étudiants, demanda à des étudiantes de
dire si l’odeur des T‑ shirts leur plaisait, et conclut de l’expérience que
les étudiantes préféraient l’odeur des porteurs dont le CMH était le plus
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