Page 165 - 266687ILJ_CERVEAU_cs6_pc.indd
P. 165
LIBÉREZ VOTRE CERVEAU !
y a un environnement neuroergonomique, c’est bien la nature, que
tous les citadins désirent pour leurs week‑ ends.
Notre cerveau est fatigable, et il en va de même de notre moti‑
vation. La vie en ville, hélas, tire dangereusement sur nos batteries.
Le stress, l’inquiétude et la frustration se jettent sur nous au saut
du lit, voire dans notre sommeil (de moins en moins réparateur en
milieu urbain). La cité idéale devrait, au contraire, recharger nos
batteries. Car dans l’environnement construit par les hommes, il
se crée aujourd’hui une véritable « facture cortisolergique ».
De quoi s’agit‑ il ? Le cortisol est produit par nos glandes sur‑
rénales, sur ordre de la pituite, une glande cérébrale, en réponse
au stress. La majorité de la population mondiale vivant en ville,
nous assistons à une quasi‑ pandémie d’hypercortisolémie, associée
à l’insomnie, à la dépression et au suicide. La ville, pourtant, ne
devrait pas faire monter notre cortisolémie, elle devrait la faire
baisser en permanence. Or non seulement elle fait augmenter notre
stress, mais une équipe de recherche espagnole a montré que sa
pollution atmosphérique causait aussi un retard cognitif chez les
enfants des écoles construites en bordure des autoroutes .
1
Si les architectes appliquaient peu à peu le concept de facture
cortisolergique aux quartiers et aux villes qu’ils construisent, la cité
neuroergonomique pourrait voir le jour. Elle rechargerait les batte‑
ries de ses usagers, en tout lieu et à tout moment, et pas seulement
dans les scénarios d’utilisation prévus pour les sorties culturelles.
Dans la nature où les monocultures n’existent pas, tout dépend
de tout, omnia ad omnia. De même que l’apprentissage parfait est
multicanal, le quartier parfait est multifonction. Il en va de même
du campus neuroergonomique…
Le campus Frankenstein
Aucune architecture, en effet, n’est censée se connecter davantage
au futur qu’un campus. Il est le lieu où l’homme prépare son avenir,
et pour cela, il doit être exemplaire. D’Alexandrie à la ville ronde de
e
Bagdad, au ix siècle, en passant par le Machu Picchu et Santorin,
1. De Nadai, M., Staiano, J., Larcher, R., Sebe, N., Quercia, D. et Lepri, B., « The
death and life of great Italian cities : A mobile phone data perspective », Arxiv.org, 2016.
Existant à Cambridge ou Oxford, inexistant à Illkirch ou Paris‑ Saclay.
164
266687ILJ_CERVEAU_cs6_pc.indd 164 02/09/2016 14:39:01