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LIBÉREZ VOTRE CERVEAU !
                  y a un environnement neuroergonomique, c’est bien la nature, que
                  tous les citadins désirent pour leurs week‑ ends.
                    Notre cerveau est fatigable, et il en va de même de notre moti‑
                  vation. La vie en ville, hélas, tire dangereusement sur nos batteries.
                  Le stress, l’inquiétude et la frustration se jettent sur nous au saut
                  du lit, voire dans notre sommeil (de moins en moins réparateur en
                  milieu urbain). La cité idéale devrait, au contraire, recharger nos
                  batteries. Car dans l’environnement construit par les hommes, il
                  se crée aujourd’hui une véritable « facture cortisolergique ».
                    De quoi s’agit‑ il ? Le cortisol est produit par nos glandes sur‑
                  rénales, sur ordre de la pituite, une glande cérébrale, en réponse
                  au stress. La majorité de la population mondiale vivant en ville,
                  nous assistons à une quasi‑ pandémie d’hypercortisolémie, associée
                  à l’insomnie, à la dépression et au suicide. La ville, pourtant, ne
                  devrait pas faire monter notre cortisolémie, elle devrait la faire
                  baisser en permanence. Or non seulement elle fait augmenter notre
                  stress, mais une équipe de recherche espagnole a montré que sa
                  pollution atmosphérique causait aussi un retard cognitif chez les
                  enfants des écoles construites en bordure des autoroutes .
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                    Si les architectes appliquaient peu à peu le concept de facture
                  cortisolergique aux quartiers et aux villes qu’ils construisent, la cité
                  neuroergonomique pourrait voir le jour. Elle rechargerait les batte‑
                  ries de ses usagers, en tout lieu et à tout moment, et pas seulement
                  dans les scénarios d’utilisation prévus pour les sorties culturelles.
                  Dans la nature où les monocultures n’existent pas, tout dépend
                  de tout, omnia ad omnia. De même que l’apprentissage parfait est
                  multicanal, le quartier parfait est multifonction. Il en va de même
                  du campus neuroergonomique…

                  Le campus Frankenstein
                    Aucune architecture, en effet, n’est censée se connecter davantage
                  au futur qu’un campus. Il est le lieu où l’homme prépare son avenir,
                  et pour cela, il doit être exemplaire. D’Alexandrie à la ville ronde de
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                  Bagdad, au ix  siècle, en passant par le Machu Picchu et Santorin,


                    1.  De Nadai, M., Staiano, J., Larcher, R., Sebe, N., Quercia, D. et Lepri, B., « The
                  death and life of great Italian cities : A mobile phone data perspective », Arxiv.org, 2016.
                     Existant à Cambridge ou Oxford, inexistant à Illkirch ou Paris‑ Saclay.

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