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LIBÉREZ VOTRE CERVEAU !
                    construction, de simulation, d’énigmes, c’est encore mieux. Mais gar‑
                    dez toujours le jeu qui nécessite une dépense physique pour la fin. »


                    Dans le cas du jeu vidéo, il faut à la fois « réparer la réalité »
                  – c’est‑ à‑ dire rendre le monde réel (et en particulier le monde du
                  travail) plus excitant qu’il ne l’est aujourd’hui –, et donner aux jeux
                  vidéo une raison d’être qui ne soit plus le seul divertissement, mais
                  l’art, tout simplement.
                    Les jeux vidéo, ne l’oublions pas, sont aussi une excellente manière
                  d’apprendre la programmation et ils devraient être utilisés comme
                  tels. Il y a une forte corrélation entre leur utilisation et la capacité à
                  mener un hackathon (période exigeante de code collectif).
                    Mais on ne devrait pas, cependant, confiner la ludification au
                  monde vidéoludique. Les athlètes de haut niveau transforment
                  toujours leur entraînement en jeu, car qui dit jeu dit enjeu, et l’on
                  pourrait faire en sorte que l’inverse soit vrai.

                  La cité neuroergonomique
                    Nous pourrions concevoir des environnements, des villes
                  ergonomiques. La circulation du sens y sera essentielle. À ver‑
                  ser dans l’excès en matière d’architecture « fonctionnelle », nous
                  avons créé des environnements vides de sens, comme les grands
                  ensembles des cités‑ dortoirs, qui font encore souffrir leurs habitants
                  aujourd’hui. Les architectes anciens, depuis Imhotep et Vitruve,
                  avaient conscience de ce que les bâtiments, plus qu’une fonction,
                  doivent avoir un sens qui les transcende. Il est urgent pour nous
                  de réapprendre cette leçon. Si le corps est l’écrin de l’âme, la ville
                  est l’écrin du corps, et dans l’état actuel des villes, en particulier
                  Paris et sa banlieue, cet écrin ne respecte plus la chose sacrée qu’il
                  est censé mettre en valeur.
                    Paris devrait illustrer la fraternité, élément sacré de la triade
                  républicaine, au lieu de cela, la ville s’enferme dans des frontières
                  obsolètes, qui datent de 1860. Au‑ delà de Paris même, l’homme en
                  ville est un obstacle et l’on n’a pas envie d’aller vers lui. Il est celui
                  qui prend de notre espace, qui nous limite et sans qui, finalement,
                  on s’imagine que l’on vivrait mieux. Les villes modernes donnent
                  priorité à l’automobile, pas à l’homme, et la surface attribuée à
                  l’auto sur une voie de communication est toujours au moins trois


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