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NEUROMIMÉTISME
                  pour rappeler ses droits fondamentaux, pour affirmer solennelle‑
                  ment : « Mon cerveau est sacré, mes nerfs sont sacrés, ce n’est pas
                  à mes nerfs de servir ton système, c’est à ton système de servir mes
                  nerfs. » Eh bien, de même que la Renaissance a incubé peu à peu,
                  timidement, l’idée que l’Humain était quelque chose de sacré, il
                  faut aujourd’hui rappeler la sacralité des nerfs humains. Je n’ai pas
                  de message plus clair : aucune personne, aucune organisation, n’a
                  le droit de brûler vos nerfs. Mais pour défendre ses neurodroits,
                  encore faut‑ il les connaître, et connaître son cerveau.




                  Qui sauve un nerf sauve l’humanité

                    Il existe un verset coranique, partagé par toutes les traditions
                  abrahamiques et d’autres encore : « Qui sauve un homme, c’est
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                  comme s’il sauvait l’humanité toute entière . » Eh bien je dis que
                  celui qui sauve un nerf, il sauve tous les nerfs de l’humanité égale‑
                  ment. Déclarer que plus un seul nerf ne sera brûlé sur terre, c’est
                  une chose excellente pour l’individu et pour le groupe. Car on ne
                  mesure pas l’influence délétère d’une seule personne dont les nerfs
                  ont été brûlés. Une neurophysiologie en flammes, une exposition
                  prolongée à de trop fortes doses de cortisol, d’adrénaline ou de
                  noradrénaline, peut enflammer une société entière.

                  La sombre ballade d’Arturo Diaz
                    Je me souviens de feu Arturo Diaz, détenu américain à
                  Livingstone, Texas, qui fut exécuté en 2013 pour avoir assassiné
                  un innocent dans une brutalité inénarrable, comparable à l’achar‑
                  nement de ces guerriers médiévaux en plein spasme de guerre. Ma
                  grand‑ mère et mon cousin, qui correspondaient avec lui dans le
                  cadre d’un programme d’échange avec les condamnés, m’avaient
                  demandé d’écrire pour lui une lettre de grâce à l’intention du gou‑
                  verneur du Texas de l’époque, Rick Perry, afin que sa peine fût
                  commuée en réclusion à perpétuité. De part et d’autre de l’Atlan‑
                  tique, l’attitude des communautés chrétiennes peut différer pro‑
                  fondément quant à la peine de mort : la majorité des conservative


                    1.  Coran V, 32.

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