Page 124 - Des ailes pour le Brésil
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À  cette  époque,  je  parlais  un  portugais  mâtiné  d’un  mauvais
                  Espagnol - du « portugnol », mais je pouvais me faire comprendre.

                      Une anecdote illustre mon mauvais Portugais.
                       J’avais  demandé  de  couper  les  palmes  d’un  cocotier  qui

                  pendaient lamentablement. À mon retour à la fazenda, la tête du
                  cocotier avait été complètement coupée.

                       Erreur de communication ! À Fortaleza, j'avais rencontré Sergio,
                  un légionnaire déserteur fugitif de Guyane, à la faconde intarissable,
                  qui tentait de survivre au jour le jour. Je l'avais pris un peu sous mon

                  aile,  c'était  un  compatriote  lorrain  qui  avait  enduré  plusieurs

                  campagnes de guerre.
                      Quand je l'ai rencontré pour la première fois, il était au bord du
                  suicide et en mauvaise santé.

                       Remis sur pied et sans domicile fixe, il me tenait compagnie et
                  m'aida dans mes démarches administratives et dans de nombreuse

                  d’autres circonstances. Dans un premier temps, j’avais organisé ma
                  vie entre un peu de Brésil et le reste du temps à Paris. J'avais fait une

                  demande d’un visa permanent au Consulat du Brésil, Place d’Iéna à
                  Paris.

                       Il me fallait un véhicule dans ce nouvel environnement. Comme
                  beaucoup d’Européens qui débarquent ici, mon premier achat fut

                  un « buggy ». Sorte de petite Jeep décapotable sans porte.
                       Un rêve pour prendre le soleil et la brise de mer. Mais certains

                  d’entre  eux  avaient  une  caractéristique  contrariante,  ils  passaient
                  plus de temps en réparation dans les garages que sur les plages et les
                  routes. Bref, pour celui qui n’a pas besoin de rouler beaucoup, c’est

                  idéal.
                       Ce « Magnata »  blanc était  joli,  mais s’immobilisa après deux

                  mois d’utilisation. Le vendeur brésilien de Fortaleza que j'avais reçu
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