Page 120 - Des ailes pour le Brésil
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Avant les signes de ma dépression, j’avais conclu mon troisième
divorce pour des raisons étonnamment similaires au second.
Isabelle voulait aussi un enfant, ce qui est naturel et commun.
Quand l'âge est différent, le projet de vie est différent. À quatre-
vingts ans, je me voyais mal avec un enfant de vingt ans dans les
pattes et de plus, j’étais au chômage.
À vrai dire, je ne supporte pas les enfants qui crient, qui s’agitent,
cela provient peut-être de mon enfance malheureuse – d’autant plus
qu’actuellement les enfants sont roi, ils ont tous les droits pour eux.
À mon avis, cela est parfaitement regrettable pour leur avenir.
Le modèle américain prime.
Nous avions une différence de trente ans. Après l’avoir
convaincue que son avenir n’était plus avec moi, je l’installai dans un
appartement situé dans un bel immeuble du XVIe.
La séparation fut longue et pénible, la vie de couple et le glamour
avaient cessé depuis longtemps, elle vivait déjà une autre vie, l’amour
était consumé.
Ce mariage fut une erreur de vieillesse ou de jeunesse - un lucide
échec pressenti.
Cependant, l’amour vrai, pour Jacques Lacan, ce serait « donner
ce qu’on n’a pas ». L’amour est au-delà de tout objet matériel.
Comme son nom de famille prêtait au grotesque et qu’elle en
avait beaucoup souffert, elle voulut garder mon nom marital, ce que
j’ai eu beaucoup de mal à accepter ainsi que ma famille, d’autant
plus qu’une de mes sœurs et porte le même prénom ainsi qu’une
cousine.
Je pense que je suis un cas de moins rare avec trois divorces et
quatre mariages, ce n’est pas donné à tout le monde de le faire.
À une époque où plus d’un mariage sur trois se termine par un
divorce, il est important de tenter de découvrir quelles sont les
principales raisons de mes échecs amoureux et j’y ai souvent pensé.
Des deux derniers divorces, je garde le douloureux souvenir et
l’impression que mes deux dernières ex-femmes m’ont fait « un
bébé dans le dos » - ce qui est pire encore, c’est qu’elles avaient
promis avant nos mariages que nous prendrions la décision