Page 71 - Des ailes pour le Brésil
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Je n’ai jamais prêté beaucoup attention à la valeur des cartes de visite
ni aux titres ronflants.
Ma réputation au sein du groupe était celle d’un travailleur acharné
rigoureux, mais pas toujours facile.
Pour revenir à l’hôtel de Turin, le concierge, apprenant que
Bernard était mon ami, lui reprit aussitôt la clef et accompagna les
amoureux dans « La suite » dont il apprit plus tard que c’était celle
que réservait Mussolini ! Décorée dans un impressionnant style Art
Déco fasciste, cette chambre que j’avais visitée, possédait un grand
balcon qui surplombait les jardins propices au rassemblement des
foules. Mon ami avait ainsi bénéficié des faveurs de l’hôtel dans
lequel j’avais organisé quelque temps auparavant une importante
opération. Sans qu’il le sache, je lui avais préparé son séjour sur un
tapis rouge avec confort et opulence.
Une coutume a disparu depuis dans ces grands hôtels de
prestige, ce qui est bien regrettable. Celle de déposer devant la porte
de la chambre, sa paire de chaussures avant d’aller se coucher, et de
la retrouver le lendemain nettoyé, cirées et toute brillantes. Quel
agréable souvenir du bon vieux temps !
Un jour, dans le cadre de l’organisation d’une importante
réunion au Mexique, lors de notre départ de Roissy, j’entendis
quelqu’un m’appeler par mon prénom.
C’était le Secrétaire au Commerce Extérieur, que je n’avais
pas vu depuis des lustres, et que j’avais connu avant qu’il ne devînt
important.
Il m’interpella : « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Ma réponse le
laissa bouche bée : « C’est moi qui organise l’ensemble du voyage ! »
Dans ce genre de voyage officiel, nous étions soumis à
des appels d’offres pointilleux des services du Commerce Extérieur
et autres administrations, la concurrence était vive.
Après le décollage, il vint s’asseoir dans le Concorde à mes
côtés pour me demander un tuyau : « Peux-tu me souffler quelques
mots d’accueil en espagnol, au cas où du haut de la passerelle de
l’avion après l’atterrissage, j’aurais à prononcer un discours ? »
Manque d’effets souhaités, à l’aéroport de Mexico, les passerelles
sont télescopiques !
Je l’avais connu chez ma mère en Anjou.