Page 69 - Des ailes pour le Brésil
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Quelle était l’histoire de ce panneau ? La société en question avait
                  été créée au XIXe siècle.

                  Alors  que  mon  client  palabrait,  je  filai  discrètement  acheter  -  à
                  quelqu’un qui n’en était certainement pas le propriétaire - le fameux

                  panneau rouillé, que je fis nettoyer et repeindre.
                       Ce trophée fut remis plus tard, au président de la Société, en

                  grande pompe, lors de la réception de gala organisée dans un hôtel
                  de Mombasa. L’effet fut réussi et le panneau s’envola pour le siège
                  à Paris.

                      Pour être tout à fait correct avec ma conscience, je dois avouer

                  que j’ai fait deux autres séjours au mitard, à l’ombre des prisons de
                  l’armée de l’air.
                       Le premier fut lors de la fin d'une corvée sagace de ramassage

                  de  feuilles  d'arbres,  à  la  base  aérienne  d’Orléans  Bricy.  De
                  mauvaises foi, notre génial adjudant avait secoué un arbre pour que

                  tombent de nouvelles feuilles, en nous affirmant que nous mentions
                  et que la corvée n'était pas terminée.

                  Les « noms d'oiseaux » fusèrent et cela se termina par ma présence
                  en tôle, « un pain au trou ».

                        Je  vécu  mon  second  séjour  carcéral  au  Sénégal,  à  la  base
                  aérienne de Thiès. Lors d’un contrôle de nuit, j’avais réveillé, un peu

                  brusquement,  un  soldat  africain  de  garde,  qui  avait  la  fâcheuse
                  coutume de s’assoupir au-dessous d’une aile d’avion.

                         Tout effrayé en se levant, il avait transpercé le réservoir du
                  Nord Atlas avec sa baïonnette !
                   Heureusement, il ne restait que peu de combustible. La punition

                  fut « deux pains au trou ».
                      Motif : j'étais responsable de la perforation dans l’empannage de

                  l’avion  pour  avoir  surpris  volontairement  et  avec  irrévérence  un
                  soldat endormi lors de sa garde de nuit !

                  La corvée est aussi une forme de punition militaire avec laquelle j’ai
                  fait plusieurs fois connaissance.

                      Je suis retourné au Kenya plusieurs fois, dont une fois pour voir
                  ma sœur Guillemette qui habitait Nairobi.
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