Page 73 - Des ailes pour le Brésil
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- Ah oui ! S’esclaffe un témoin de la scène, un petit rond, très élégant
de sa personne, dont les lunettes cerclées d’or glissent
dangereusement sur la pente de son nez.
- Alors, vous faites comment ?
Bernard avec panache énonce alors cette superbe réponse :
- Chez nous, l’outrage se règle, vous l’apprendrez, Monsieur, par le
duel !
Notre impertinent directeur, donnant libre cours à sa colère,
s’étouffant, la voix grimpant d’une octave, dans les aiguës, demande
alors.
- En duel, mais avec quoi !
À ce moment, un Italien qui suivait la scène depuis le début, avec
un certain plaisir, dans le bureau étroit donnant sur la cour intérieure
de l’hôtel, ouvre un long paquet de journaux, qu’il tient sous le bras,
et tout en le déballant, répondit insidieusement en se glissant dans
le pugilat verbal.
- Au sabre bien sûr !
Cet homme à la voix grave et forte avait acheté le matin même, au
célèbre marché des voleurs, deux superbes lattes d’empire, à la vue
desquelles le directeur, frôlant la crise d’apoplexie, sauta par la petite
fenêtre qui donne sur le patio ! Bernard n’entendit plus jamais parler
de lui, il devait probablement se cacher.
Après cette altercation franco-mexicaine et une certaine attente, nos
clients purent garder leurs chambres. Nous reçûmes les excuses
faxées dans les heures qui suivirent du président de la chaîne
d’hôtels.
Ces événements se déroulaient dans le cadre d’une exposition du
Commerce extérieur avec plus de deux cents participants.
Nos aventures exotiques mexicaines poursuivirent leurs
cours tortueux.
Une réception avec des importateurs, clients de nos acheteurs pour
l’Amérique latine, eut lieu dans les locaux d’une des entreprises, qui
en profita pour faire visiter ses installations, aux abords d’une zone
industrielle à quelques kilomètres des hôtels.
Au moment de regagner les hôtels, les bus avaient disparu.