Page 68 - Des ailes pour le Brésil
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C’est alors qu’avec une vieille voiture Morris, qu’il nous avait
                  gentiment prêtée, nous avons réussi à nous embourber sur une piste,

                  peu avant la tombée de la nuit. Nous ne savions pas très bien où
                  nous étions. Nous n’en menions pas large, la situation n’était pas

                  bonne du tout, le plaisir de la découverte s’était transformé en un
                  grand stress.

                       Deux heures plus tard, nous aperçûmes les lueurs des phares
                  d’une Land Rover.
                      Bientôt, nous découvrîmes les mines patibulaires de deux gardes

                  géants armés. Nous tentâmes de leur faire comprendre que nous

                  étions des touristes perdus en balade. Malgré un long et pénible
                  conciliabule, nous ne réussîmes pas à nous faire comprendre, ils
                  nous  prenaient  probablement  pour  des  contrebandiers  ou  des

                  trafiquants. Nos aimables et gentils gardiens entreprirent de nous
                  ficeler brutalement avec des cordes et de nous jeter dans la cage à

                  l’arrière de la Land Rover réservée aux fauves - la version locale du
                  « panier à salade » de notre police.

                      Le  lendemain,  matin,  le  directeur  de  l’hôtel  inquiet,  ne  nous
                  voyant  toujours  pas  revenir,  prévint  la  police  qui  lança  les

                  recherches.
                       Le comique, le comble de l’histoire fut que nous n’avons croisé

                  aucun animal ! En revanche, nous avons entendu les bruissements
                  de la brousse, les jappements des chacals, les sinistres ricanements

                  des hyènes, qui nous firent froid dans le dos.
                  Dans le village où nous étions emprisonnés dans une espèce de cage
                  d’animaux ; nous avons seulement distrait des enfants moqueurs et

                  railleurs.
                  Aucun petit-déjeuner avec croissant ne nous fut servi à notre grand

                  désarroi !
                       Nous faisions alors le voyage de préparation d’un déplacement

                  d’une centaine de personnes qui devait s’effectuer six mois plus tard.
                      À  l’entrée  d’un  village  perdu,  pendant  notre  périple,  dans  la

                  réserve du parc national Tsavo, je tombais pile sur ce qui devait être
                  un des premiers panneaux publicitaires de ladite société ! Dans un

                  tel endroit, quelle construction aurait pu supporter un ascenseur ?
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