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L’escalade est une activité qui propose différents types de pratiques. On peut la pratiquer en salle,
               sur  des  surfaces  artificielles  d’escalade  (SAE),  ou  en  extérieur,  dans  des  sites  naturels  d’escalade
               (SNE), grimper sur du bloc ou s’aventurer en falaise. Cette richesse des « escalades » fait l’attrait de
               la discipline, mais ses modes de pratique à l’école posent question.

               Les programmes au collège et au lycée sont exigeants en termes d’apprentissage : les élèves doivent
               apprendre  à  lire  les  voies,  réaliser  des  déplacements  et  appliquer  des  procédures  de  sécurité
               commandées par les manœuvres de cordes. L’escalade à l’école se pratique principalement sur des
               surfaces artificielles. C’est une activité sportive qui exige un temps de formation relativement long
               pour maîtriser des compétences spécialisées et exécuter des gestes professionnels.


               À cet égard, les enseignants n’ont pas tous le même niveau de formation. Ils n’ont pas non plus la
               même appétence pour cette activité pourtant répandue : la programmation de l’escalade dans un
               établissement est parfois subie par certains professeurs, titulaires ou contractuels, lorsqu’ils sont par
               exemple  appelés  à  faire  du  remplacement.  De  plus,  dans  leurs  cours,  les  enseignants  d’EPS  sont
               souvent contraints par les voies créées par les clubs qui utilisent les équipements, avec un niveau de
               difficulté plus ou moins compatible avec le cadre scolaire. Le choix des supports d’escalade est un
               enjeu majeur.

               La  plupart  du  temps,  un  seul  enseignant  d’EPS  intervient  dans  une  classe  – qui  peut
               atteindre 35 élèves. Un tel taux d’encadrement n’est pas raisonnable et n’existe que dans le champ
               scolaire :  les  recommandations  fédérales  limitent  à  huit  le  nombre  de  pratiquants  par  encadrant
               lorsqu’ils sont mineurs. Cet enseignement collectif pose à l’évidence des problèmes de sécurité. Le
               nombre de cordées et leur hétérogénéité, en termes de performance mais aussi et surtout de vitesse
               d’apprentissage, augmentent la probabilité de survenue d’événements critiques, tels que des défauts
               d’encordement  ou  de  maîtrise  des  systèmes  d’assurage.  Dans  une  activité  comme  l’escalade,  le
               groupe ‐ classe  n’est  pas  forcément  le  regroupement  pertinent.  Le  professeur  d’EPS  ne  peut  être
               omniprésent. Il est en revanche en capacité de s’organiser dans le cadre de l’équipe pédagogique.
               Ainsi, certains établissements conçoivent les emplois du temps en EPS et mobilisent leurs moyens
               pour que trois enseignants encadrent deux classes. La mission ne peut que recommander ce type
               d’organisation en escalade pour limiter le nombre d’élèves par enseignant.

               L’observation de l’enseignement collectif en escalade en EPS met également en lumière une dérive
               paradoxale :  la  centration  quasi‐exclusive  des  enseignants  sur  la  gestion  des  compétences
               sécuritaires s’exerce au détriment des compétences liées à la motricité qui constituent pourtant la
               finalité de l’activité. Les élèves se voient imposer leur itinéraire, ce qui contrevient à l’essence même
               de la formation à la prise de risque raisonnée. Les élèves au collège et au lycée doivent apprendre à
               partir‐revenir en sécurité et à renoncer si besoin.

               La  mission  dans  son  analyse  des  accidents  en  EPS  en  escalade  relève  deux  causes  majeures :  un
               défaut d’assurage et un encordement mal confectionné ; plus marginalement, l’usage de cordes trop
               courtes pour redescendre au sol le grimpeur en tête de cordée. Dans tous ces cas, les retours au sol,
               dans  des  chutes  incontrôlées  de  plus  ou  moins  grande  amplitude,  génèrent  des  lésions  souvent
               graves, voire dramatiques.

               Des réponses existent pour neutraliser ces causes :

                      –  pour le défaut d’encordement, la seule solution à ce jour proposée par les experts est un
                          double  encordement  de  l’assureur  et  du  grimpeur  pour  installer  une  co‐vérification



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