Page 33 - Rapport- 2016-081 sécurité APPN.docx
P. 33
L’escalade est une activité qui propose différents types de pratiques. On peut la pratiquer en salle,
sur des surfaces artificielles d’escalade (SAE), ou en extérieur, dans des sites naturels d’escalade
(SNE), grimper sur du bloc ou s’aventurer en falaise. Cette richesse des « escalades » fait l’attrait de
la discipline, mais ses modes de pratique à l’école posent question.
Les programmes au collège et au lycée sont exigeants en termes d’apprentissage : les élèves doivent
apprendre à lire les voies, réaliser des déplacements et appliquer des procédures de sécurité
commandées par les manœuvres de cordes. L’escalade à l’école se pratique principalement sur des
surfaces artificielles. C’est une activité sportive qui exige un temps de formation relativement long
pour maîtriser des compétences spécialisées et exécuter des gestes professionnels.
À cet égard, les enseignants n’ont pas tous le même niveau de formation. Ils n’ont pas non plus la
même appétence pour cette activité pourtant répandue : la programmation de l’escalade dans un
établissement est parfois subie par certains professeurs, titulaires ou contractuels, lorsqu’ils sont par
exemple appelés à faire du remplacement. De plus, dans leurs cours, les enseignants d’EPS sont
souvent contraints par les voies créées par les clubs qui utilisent les équipements, avec un niveau de
difficulté plus ou moins compatible avec le cadre scolaire. Le choix des supports d’escalade est un
enjeu majeur.
La plupart du temps, un seul enseignant d’EPS intervient dans une classe – qui peut
atteindre 35 élèves. Un tel taux d’encadrement n’est pas raisonnable et n’existe que dans le champ
scolaire : les recommandations fédérales limitent à huit le nombre de pratiquants par encadrant
lorsqu’ils sont mineurs. Cet enseignement collectif pose à l’évidence des problèmes de sécurité. Le
nombre de cordées et leur hétérogénéité, en termes de performance mais aussi et surtout de vitesse
d’apprentissage, augmentent la probabilité de survenue d’événements critiques, tels que des défauts
d’encordement ou de maîtrise des systèmes d’assurage. Dans une activité comme l’escalade, le
groupe ‐ classe n’est pas forcément le regroupement pertinent. Le professeur d’EPS ne peut être
omniprésent. Il est en revanche en capacité de s’organiser dans le cadre de l’équipe pédagogique.
Ainsi, certains établissements conçoivent les emplois du temps en EPS et mobilisent leurs moyens
pour que trois enseignants encadrent deux classes. La mission ne peut que recommander ce type
d’organisation en escalade pour limiter le nombre d’élèves par enseignant.
L’observation de l’enseignement collectif en escalade en EPS met également en lumière une dérive
paradoxale : la centration quasi‐exclusive des enseignants sur la gestion des compétences
sécuritaires s’exerce au détriment des compétences liées à la motricité qui constituent pourtant la
finalité de l’activité. Les élèves se voient imposer leur itinéraire, ce qui contrevient à l’essence même
de la formation à la prise de risque raisonnée. Les élèves au collège et au lycée doivent apprendre à
partir‐revenir en sécurité et à renoncer si besoin.
La mission dans son analyse des accidents en EPS en escalade relève deux causes majeures : un
défaut d’assurage et un encordement mal confectionné ; plus marginalement, l’usage de cordes trop
courtes pour redescendre au sol le grimpeur en tête de cordée. Dans tous ces cas, les retours au sol,
dans des chutes incontrôlées de plus ou moins grande amplitude, génèrent des lésions souvent
graves, voire dramatiques.
Des réponses existent pour neutraliser ces causes :
– pour le défaut d’encordement, la seule solution à ce jour proposée par les experts est un
double encordement de l’assureur et du grimpeur pour installer une co‐vérification
25