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Du côté des enseignants, la nécessité d’un apprentissage long en matière de sécurité sature les
contenus d’enseignement dans ce domaine au détriment de la dimension liée à l’acquisition de
solutions motrices. En conséquence, les enseignants dans ce schéma sont amenés à ne gérer que des
apprentissages liés à la sécurité. Les élèves restent alors confinés à des niveaux de difficulté
sous‐maximale pour faire la démonstration d’une maîtrise de leur déplacement. Les réalisations des
élèves sont souvent éloignées de la prise de risque ; elles témoignent plutôt massivement de
démonstrations de style qui n’ont plus grand chose à voir avec une maîtrise du risque accepté.
En raison de l’accidentologie constatée en escalade et des observations qui viennent d’être
présentées, la mission estime que maintenir l’obligation d’une escalade en tête au niveau de la
certification du baccalauréat pour tous les élèves est une exigence trop importante. Il peut revenir à
d’autres dispositifs de former à ce niveau de compétence ou de le valider : les enseignements
facultatifs ou de complément, les sections sportives spécialisées, une pratique plus approfondie dans
le cadre de l’association sportive. Quant à l’enseignement obligatoire de l’EPS qui s’adresse à tous les
élèves, la mission propose d’encourager l’usage d’une pratique de l’escalade en bloc où les
manœuvres de corde et la hauteur de chute ne sont plus un problème.
L’escalade de bloc se pratique en extérieur, sur des petits rochers, ou en intérieur, dans une salle de
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pan . Elle offre dans un espace réduit une pratique riche et ludique en toute sécurité. Plusieurs
arguments militent en faveur du bloc :
– les pratiques sociales évoluent en ce sens. Aujourd’hui, les salles privées d’escalade ou
les clubs sportifs tournés vers le loisir ou la compétition proposent la pratique du bloc
avec un usage des cordes de plus en plus réduit. Cette pratique sur une partie des
surfaces nécessite peu de modifications des installations actuelles ;
– l’escalade en bloc consiste pour l’élève à réussir des passages de quelques mouvements
(4 à 8 en moyenne), à faible hauteur du sol. La corde et le baudrier ne sont pas
nécessaires pour assurer sa sécurité. Des tapis épais limitent les conséquences d’une
chute. De plus en plus de jeunes sont attirés par cette pratique conviviale, à faibles
contraintes et vite gratifiante. Moins perturbés par la hauteur et les problèmes de corde
et de sécurité, les élèves ne pensent pas au vide mais grimpent. Les progrès sont rapides
pour l’élève, avec moins de problème de gestion de la sécurité pour l’enseignant ;
– Le pan est aussi plus convivial : on se déplace librement, on communique plus facilement.
Une classe est rapidement opérationnelle sur ce type d’installation. Au plan des
apprentissages sociaux, les jeux d’interactions entre élèves sont permis, à la différence
de la pratique traditionnelle de l’escalade.
Préconisations pour un enseignement renouvelé de l’escalade
– Passer d’une forme d’escalade en tête avec des manœuvres de corde à une forme d’escalade type
bloc ;
– Revoir le niveau d’exigence du référentiel de niveau 4 au baccalauréat ;
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La zone d’escalade est aménagée en pans de mur de différentes tailles et inclinaisons, équipés de nombreuses prises au
mètre carré et d’une hauteur limitée.
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