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Il ne faut pas non plus oublier que tous les élèves ne sont pas volontaires : l’EPS est une discipline
obligatoire qui s’adresse à un public « captif ». Les élèves ne sont pas tous égaux face à l’effort
physique ou à certains effets, comme ceux de l’altitude en montagne : leur progression devra alors
être assurée de manière à ce qu’elle ne mette aucune personne du groupe en contrainte. En dehors
du sport de haut niveau – qui a ses propres dispositifs de formation, les pôles espoir, justement sous
la tutelle d’un autre ministère que celui de l’éducation nationale –, la recherche de la performance
n’est pas la finalité de l’EPS. La prise de risque mettant en jeu l’intégrité physique des élèves est
inacceptable dans un cadre scolaire.
Les enseignants comme les intervenants extérieurs doivent toujours conserver à l’esprit que, quel
que soit l’âge ou le niveau d’autonomie des élèves, une compétence est toujours en cours de
construction, y compris en dernière année du lycée : ils ne doivent pas perdre de vue que les jeunes
adultes qu’ils peuvent avoir devant eux restent des élèves, avec parfois des comportements
d’adolescents. C’est pourquoi il est essentiel que les enseignants situent bien leur programmation
d’activités dans ce cadre scolaire – un cadre qui recherche une responsabilisation progressive des
élèves, mais impose aussi le maintien en toutes circonstances de la sécurité.
2.1.2. La sécurité, une exigence qui prime sur la liberté pédagogique
La sécurité des élèves est la première responsabilité de l’enseignant, avant même l’exercice de sa
liberté pédagogique. La mission a vu les recommandations sécuritaires des inspecteurs pédagogiques
régionaux de Grenoble contestées par un enseignant au nom de sa liberté pédagogique. Il faut être
clair sur ce point : la sécurité est une exigence qui prime sur la liberté pédagogique. Le respect d’un
protocole de sécurité ou d’une consigne des inspecteurs ne relève pas d’un choix pédagogique,
mais s’impose pleinement au fonctionnaire dans le cadre de ses obligations de service.
Dans les activités physiques de pleine nature, la formation vise l’acquisition progressive d’une
pratique autonome : ce qu’il faut apprendre à faire, il faut le faire pour apprendre. L’évolution de la
pratique des élèves doit être très progressive et se réaliser seulement à partir du moment où les
élèves ont acquis les compétences nécessaires pour pratiquer en sécurité. Tout doit être mis en
œuvre pour garantir une sécurité maximale des élèves tout en les amenant à l’acquisition de
compétences de niveau supérieur.
Mais la vigilance reste toujours de mise : il ne suffit pas qu’une compétence ait été mise en œuvre,
repérée comme efficiente, puis validée pour que la confiance dans ce qui a été construit s’impose à
l’organisation des séances suivantes. Il en va ainsi par exemple des contrôles effectués par les élèves
eux‐mêmes : contrôle des nœuds d’encordement en escalade, contrôle des détecteurs de victime
d’avalanche (DVA), etc. Le contrôle par l’élève est un procédé de nature pédagogique qui permet de
sensibiliser les élèves à l’acquisition d’une compétence, mais ne garantit pas que les élèves agissent
sans faire d’erreur d’une leçon à l’autre. La dernière vérification doit impérativement être réalisée
par le professeur ou l’intervenant extérieur. Dans l’affaire de Die, l’argument « pédagogique » qui
consistait à justifier la délégation du contrôle de DVA à un élève en évoquant la construction
progressive et raisonnée de l’autonomie de l’élève skieur n’était pas recevable : il existe toujours
pour l’enseignant une obligation professionnelle de contrôle des activités de ses élèves et de garantie
de leur sécurité. Le contrôle du contrôle s’impose constamment dans le cadre scolaire.
Les activités physiques de pleine nature ont en commun l’objectif d’éduquer les élèves, futurs
citoyens pratiquant les sports de nature, à la prise de risque calculée et réfléchie dans un
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