Page 54 - LOGEMENT SOCIAL ET SANTE MENTALE : LIMITES JURIDIQUES ET PERSPECTIVES
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CONCLUSION




               La « désinstitutionnalisation » des soins psychiatriques, l’élargissement du public prioritaire,

               la mise en place des outils de pilotage (ex : DALO) et la complexité des procédures d’expulsions
               contraints les bailleurs sociaux à gérer les conséquences induites par les locataires atteints

               de  troubles  mentaux.  Pour  autant,  la  santé  mentale  ne  relève  pas  de  leur  compétence.
               Néanmoins, selon la volonté des dirigeants et pour sortir de l’impasse, divers projets ont été

               développés. Tous ont construit un partenariat avec le secteur médico-social. En effet, ils se

               sont  impliqués  dans  de  multiples  réseaux  (CMP,  RSML  etc.)  pour  mobiliser  une  pluralité
               d’acteurs. Afin de dynamiser et de conserver le réseau sur le long terme, les bailleurs sociaux

               et  les  partenaires  concernés  ont  mis  en  place  des  conventions,  des  ateliers  d’échanges  de
               pratiques, des colloques et des formations inter-institutions. Certains bailleurs sociaux (ex :

               Logirem) ont élargi leurs interventions auprès des jeunes adultes et/ou des enfants logés chez

               leurs parents-locataires et qui présentent un trouble mental. Ils ont étendu leurs actions aux
               situations d’incivilités, de délinquance et d’addiction qui dissimulent un trouble psychique.

               Toutefois, les réseaux demeurent fragiles car aucun texte réglementaire n’impose ce type
               de  coordination.  De  plus,  la  pérennité  des  réseaux  dépend  également  de  la  stabilité  du

               financement, du personnel, de la volonté politique de l’édilité et du secteur médico-social.


               Afin  de  proposer  une  gestion  adaptée  sur  le  long  terme,  certains  organismes  HLM  ont

               réorganisé les services de la gestion locative et ont embauché des équipes pluridisciplinaires.
               D’autres ont participé au co-financement d’une équipe mobile, externe, intervenant à domicile.

               Les  bailleurs  sociaux  savent  que  pour  favoriser  le  maintien  dans  les  lieux  et  mobiliser  les
               partenaires,  ils  doivent  proposer,  en  contrepartie,  des  logements  pour  les  demandeurs

               « stabilisés » psychiquement. Dans ce cadre, ils favorisent la promotion de logements adaptés.

               Parfois,  ils  louent  des  logements  «  ordinaires  »  à  des  associations  chargées  de  gérer  ces
               locataires.


               Les organismes HLM sollicitent, pour le maintien dans les lieux, la garantie du paiement des

               loyers  et  le  respect  du  droit  de  jouissance  des  locataires.  Par  ailleurs,  ils  demandent  que

               l’accompagnement médico-social puisse être permanent et qu’un dispositif de veille, à vie, soit
               mis en place. Celui-ci est opérationnel avec l’appui des salariés de l’organisme, lorsque les

               concierges,  la  gestion  locative  et  le  service  contentieux  ont  été  formés  pour  réaliser  des




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