Page 49 - LOGEMENT SOCIAL ET SANTE MENTALE : LIMITES JURIDIQUES ET PERSPECTIVES
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De plus, le Schéma d’Organisation des Soins de la Martinique 102 concernant la période
2011 à 2016, reconnaît les faiblesses du secteur psychiatrique. Ce schéma signale « une
pénurie de personnels médicaux et paramédicaux, un retard de création des lits
d’hospitalisation complète, des carences en structures sociales et médico-sociales pour assurer
l’aval de l’hospitalisation, des difficultés d’articulation entre les soins somatiques et
psychiatriques et [l’ARS] constate un déficit d’alternatives à l’hospitalisation ».
Enfin, le rapport de la Cour des Comptes 103 sur la santé des outre-mer, publié en 2014,
indique que les « problématiques sanitaires [sont] d’une nature et d’une ampleur souvent
particulières ». Cette étude démontre que la prévention a été perdue de vue, que les soins
ambulatoires sont inégalement accessibles, que la situation sanitaire est insatisfaisante. En effet,
« les soins psychiatriques représentent 15 % des dépenses nationales, leur part dans les
dépenses ultramarines est beaucoup plus faible. Le malthusianisme de l’offre de soins, le
manque de locaux et de professionnels en sont la cause, alors que la demande ou les besoins
sont plus importants qu’en métropole. [De plus], les services extrahospitaliers sont parfois
insuffisamment nombreux et accessibles. L’offre de soins en psychiatrie est de longue date
gravement déficiente ». Pour terminer, ce rapport précise que les départements d’outre-
mer ont été oubliés dans les deux derniers plans concernant la psychiatrie et la santé
mentale.
Certains partenaires de la Martinique rejoignent ces propos. En effet, ils constatent que
« l’organisation de la santé mentale est défaillante. Ici, tout le monde connaît la vie des gens,
nous sommes dans une île et les locataires ont peu de moyens pour se faire soigner dans un
autre département. La réduction budgétaire est très préoccupante et ne va pas favoriser le
développement d’équipements nécessaires pour assurer ce rattrapage structurel. De plus, les
problèmes d’accessibilité et le temps pour avoir un entretien avec les CMP fatigueraient bon
nombre de personnes a fortiori les locataires malades. La santé mentale demande un
engagement des professionnels et de la famille 24 heures sur 24. Les troubles mentaux sont
aussi imprévisibles qu’aléatoires et rien ne garantit la stabilité psychique. C’est un puits sans
fond…». Face à ce constat, les bailleurs sociaux de la Martinique veulent agir en s’inspirant,
également, des expériences menées par les autres organismes HLM de la métropole.
102 Agence Régionale de la Santé, Schéma d’Organisation des Soins de la Martinique 2011-2016, 13 février 2012,
p.11, 120 pages
103 Cour des Comptes, La santé dans les outre-mer, une responsabilité de la République, juin 2014, Paris, p.81,
287 pages
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