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PARTIE II
Les conditions de confinement ont été disparates d’un élève à un autre, toutefois un
point leur est commun : la difficulté de pouvoir continuer à suivre un rythme de travail
et de préparation aux examens dans des conditions d’anxiété générale. Le ministre
estime entre 4% et 8% le nombre de décrocheurs, mais les élèves en zone blanche,
n’ayant pas accès au wifi, ou décrocheur du système scolaire en amont, ne sont pas
comptabilisés. De manière logique, les élèves de Première sont inquiets du maintien
de l’oral de français à la fin du mois de juin, alors même que tous les textes n’ont pas
été étudiés et que les conditions de révisions n’ont pas été égalitaires. Les syndicats
d’enseignants et l’UNL se sont ainsi accordés pour demander leur annulation.
2 / LES IMPACTS PSYCHOLOGIQUES DU CONFINEMENT
Le confinement vient sur le fond de la structuration
psychique précédente de la personne.
Mathieu Bellahsen, Psychiatre
À travers les mesures de confinement, la population générale a partagé une
expérience de catastrophe, qui peut avoir deux versants : le partage du pire, avec des
gens qui meurent, d’autres qui sont dans le dénuement, mais également le partage de
solidarités nouvelles . Cette expérience n’est pas la même pour toutes et tous et va
dépendre de la présence ou non de solidarités familiales, de groupe ou dans le quartier
habité. Elle dépend également de l’état du cercle familial : si on y trouve de la violence,
si celle-ci s’est intensifiée ou si les conflits se sont cristallisés pendant cette période.
Il est à noter que le confinement a provoqué un usage accru du numérique, en rempla-
cement de toutes les pratiques sociales habituelles interdites. La chaleur humaine a été
remplacée par le froid numérique. À ce titre, le développement massif du télétravail peut
également être une source de traumatismes : non-respect du droit à la déconnexion,
sollicitations permanentes, augmentation du nombre d’heures de travail, etc . C’est
désormais 25 à 30 % de la population active qui exerce en télétravail. On y retrouve une
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forte majorité de cadres et de professions intermédiaires, mais aussi des employés (19 %)
et quelques ouvriers (5 %).
D’après Mathieu Bellahsen, psychiatre et chef du pôle de psychiatrie adulte à l’hôpital
d’Asnières, les personnes qui ont des traumatismes graves ont pu se mettre « en som-
meil » durant la période de confinement. Ces personnes s’isolent, supportent très bien
le confinement mais risquent d’avoir des difficultés lorsqu’il va falloir en sortir. Il
prend également l’exemple du pôle qu’il dirige à l’hôpital, où les patients ont l’habitude
d’être enfermés ; a contrario, ce sont les personnes ordinaires qui peuvent éprouver
des difficultés car elles n’ont pas l’habitude d’être enfermés chez elles.
On a vécu une crise de l’évidence naturelle des choses.
Mathieu Bellahsen, Psychiatre
28 / Selon les études Dares ou IFOP/Jean-Jaurès.

