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                                Un autre pays intéressant à étudier est la Corée du Sud,
                             où le taux de test est incroyable, ce qui leur permet
                             de faire un confinement sélectionné, plus efficace.

                             Patrice Marche, Directeur de laboratoire INSERM en Immunologie
                             et directeur adjoint de l’IAB


                     Par ailleurs, la réponse sanitaire de la Corée du Sud fut coordonnée et centralisée via
                     le Korean Center for Disease Control (KCDC). Le KCDC fut doté de pouvoirs décision-
                     naires extrêmement importants plaçant la réponse sanitaire stricto sensu, ainsi que
                     l’ensemble des administrations  et juridictions  pertinentes sous sa seule autorité.
                     Cette gestion centralisée et coordonnée est sans nul doute à l’origine du succès de la
                     Corée du Sud .

                     Mais il faut également mentionner des éléments problématiques dans une gestion de
                     crise s’appuyant sur une surveillance généralisée extrêmement intrusive . Le système
                     de traçage mis en place de manière obligatoire repose sur une collecte agressive des
                     données personnelles des personnes contaminées. La loi autorisait ainsi le KCDC à
                     demander aux administrations des informations de base, comme le nom ou le numéro
                     d’identité  d’un contaminé, son historique  médical  et celui  de ses  déplacements à
                     l’étranger, ainsi que sa localisation, et à collecter auprès des opérateurs téléphoniques
                     des banques des données concernant leurs clients. Ces données servaient ensuite à
                     alerter par SMS  les personnes ayant été à proximité  d’une personne contaminée.
                     Cette surveillance s’accompagnait d’une politique extrêmement répressive incluant
                     des amendes aux montants exorbitants (3 millions de wons, soit 2 200 euros).


                        d)  Le Vietnam : un État et des citoyens préparés

                     La réussite du Vietnam face à l’épidémie fut qualifiée d’« insolente » par Les Échos ; en
                     effet, le pays n’a recensé jusqu’à présent aucun mort du Covid-19 et seulement 268 cas de
                     personnes contaminées dans un pays comptant pourtant plus de 93 millions d’habitants.
                     Dans un pays considéré comme émergent, c’est une prouesse remarquable, si l’on tient
                     compte par ailleurs de la proximité du pays avec le foyer originel en Chine et le grand
                     nombre de flux humains et de marchandises entre les deux pays.

                     Ainsi, le Vietnam n’avait pas les capacités techniques de mener une grande vague de
                     dépistage comme la Corée ou l’Allemagne. Mais la bonne préparation de l’État, et le haut
                     de degré de conscientisation et de discipline collective de la population ont permis
                     une gestion de crise efficace, ne s’appuyant pas sur un confinement strict et répressif
                     de la population. Celui-ci ne fut que tardif, commençant seulement au 1  avril, pour une
                                                                                      er
                     durée de quinze jours, et sous des conditions plus souples qu’en France par exemple.
                     Il faut dire que le pays avait été particulièrement marqué par l’épidémie de SARS ayant
                     frappé l’Asie au début du siècle. Depuis lors, l’État vietnamien a développé une stratégie
                     globale de réponse au surgissement de nouvelles maladies.

                                Le Vietnam a développé une stratégie d’adaptation

                             pour ce genre d’événements [suite au SARS].
                             Ils n’ont eu qu’à ouvrir le book et à suivre les règles.
                             Ils étaient absolument prêts.
                             Didier Lachize, Chef d’entreprise français installé au Vietnam
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