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        PARTIE II



                           2 /  LA GESTION FRANÇAISE À L’AUNE
                              DES COMPARAISONS INTERNATIONALES

                           Afin d’éclairer notre analyse, nous avons souhaité nous intéresser à la gestion de
                           l’épidémie dans plusieurs autres pays. Bien sûr, cette comparaison ne se prétend pas
                           exhaustive. Mais à partir de quelques exemples, elle permet de mettre en valeur des
                           choix politiques différents et de souligner les déficits dans la gestion de la crise par
                           les autorités françaises. Elle réduit à néant l’argument d’Emmanuel Macron selon le-
                           quel tous les pays auraient rencontré les mêmes difficultés face à cette épidémie.


                              a)  L’Italie : un État effondré

                           Premier pays touché en Europe, l’Italie est devenue, après la Chine, le centre mondial
                           de l’épidémie. Le virus se diffusa rapidement parmi la population, causant un quasi-
                           effondrement du système de santé, un nombre de morts exponentiel et une contraction
                           majeure de l’économie. De bout en bout la situation italienne montre les ravages d’un
                           État aux services publics amoindris, à la base productive affaiblie et soumis à une gestion
                           désordonnée. En cela, la situation italienne semble être un miroir aggravé des défail-
                           lances françaises mises en lumière par ce rapport . L’Italie était mal équipée pour faire
                           face à une soudaine crise sanitaire. Son système hospitalier, autrefois l’un des meilleurs
                           d’Europe, a grandement souffert des années d’austérité qui lui ont été imposées. Ainsi,
                           l’Italie ne disposait que de 318 lits pour 100 000 habitants (données de 2017), ce qui la place
                           dans la moyenne très basse de l’Union européenne (541 lits pour 100 000 habitants).
                           Les coupes budgétaires au cours des années furent également très importantes.

                                     Au cours des dix dernières années, l’Italie a coupé 37 milliards
                                   dans la santé publique, c’est un chiffre hallucinant […]
                                   On avait mois d’hôpitaux, mois de lits par hôpitaux et moins
                                   de soins intensifs, on avait moins de personnel par rapport
                                   à il y a dix ans.

                                   Salvatore Prinzi, Membre de la coordination nationale de Potere al Popolo
                           L’Italie a également souffert d’un affaiblissement de sa base productive qui lui rendait
                           difficile d’assurer un approvisionnement correct en équipements de protection indi-
                           viduelle. La gestion de la crise par les autorités italiennes peut être caractérisée par
                           ses tergiversations et ses contradictions. La pandémie a frappé d’abord le cœur éco-
                           nomique  du pays,  le Nord, et plus particulièrement les  quatre  régions suivantes :
                           l’Émilie-Romagne, la Lombardie, le Piémont et la Vénétie. Bien que le gouvernement
                           eût décrété l’état d’urgence dès le mois de janvier, aucune mesure d’endiguement
                           ferme ne fut prise du fait de la pression du patronat italien . Quand des mesures plus
                           draconiennes furent prises à compter du mois de mars, les activités productives ne
                           furent jamais complètement suspendues, mettant en danger les salariés des secteurs
                           industriels et renforçant les inégalités face à la pandémie.

                                     Le gouvernement italien a déclaré l’état d’urgence

                                   le 31 janvier, très tôt. Mais ils ont ignoré le virus comme
                                   il était concentré dans le Nord du pays et le patronat
                                   ne voulait pas fermer les usines qui sont situées
                                   dans le Nord.
                                   Salvatore Prinzi, Membre de la coordination nationale de Potere al Popolo
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