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                     commune frappe dans un espace qui a fait norme les principes de libre circulation des
                     personnes et des marchandises. Tout se déroula finalement comme si, face à la crise,
                     l’Union européenne montrait son vrai visage, faisant primer les logiques de compétition
                     sur les principes de coopération.

                     Ces mêmes logiques furent à l’œuvre concernant l’approvisionnement en équipement
                     médical, plus particulièrement en masques . Ainsi, la première réaction de l’Allemagne
                     fut de déclarer unilatéralement au début du mois de mars une suspension des expor-
                     tations de masques, empêchant ainsi la livraison de masques à d’autres États européens.
                     Les exemples les plus tragiques furent sans doute le détournement actif de 680 000
                     masques chinois destinés à l’Italie par les douanes de la République tchèque et l’arrivée
                     sur le sol italien de médecins cubains quand la solidarité peinait à s’exercer entre les
                     états membres de l’Union européenne.

                                Il suffit de franchir le Rhin et il reste des lits de réanimation.

                             Ça pose la question de savoir à quoi sert l’Europe aujourd’hui.
                             Chaque pays a des stratégies différentes. Chaque pays
                             a fermé ses frontières. Aucune collaboration au niveau
                             industriel. Bien au contraire, c’est la concurrence effrénée
                             y compris au niveau des commandes et des livraisons
                             depuis les entreprises situées en Asie. C’est un joyeux
                             bordel. Le constat qu’on fait aujourd’hui c’est que l’Europe
                             ne sert à rien dans une situation de crise.
                             Christophe Prudhomme, Porte-parole des médecins urgentiste de France

                     Le 26 mars à l’initiative de l’eurodéputé de la France insoumise Younous Omarjee,
                     président de la commission  du  développement régional,  le Parlement européen
                     adopte des mesures d’urgence, notamment un projet d’investissement de 37 milliards
                     d’euros et l’élargissement du champ d’application du Fonds de solidarité de l’Union
                     européenne à hauteur de 800 millions d’euros en cas d’urgence de santé publique. Des
                     mesures financières complémentaires sont votées par le Parlement européen les 16 et
                     17 avril mais la mise en place d’une véritable planification sanitaire européenne, pro-
                     posée par les eurodéputés de la France insoumise est refusée. De même, les propositions
                     visant à appeler les États à distinguer les activités économiques essentielles, à permettre
                     l’extension des dispositifs de chômage partiel aux salariés des plateformes sont refusés
                     ou encore à réviser les accords de libre-échange sont rejetées.


                     Longtemps spectatrice, l’Union européenne aura donc finalement tardivement réagi par
                     des mesures essentiellement budgétaires, sans organiser la coordination des décisions
                     nationales ou les modalités d’une solidarité concrète entre les États membres.


                        b)  Une réponse économique insuffisante

                     Un même retard à l’allumage toucha les institutions économiques de l’Union européenne.
                     Face aux dépenses engagées par l’Italie pour faire face à l’épidémie, une inquiétude
                     apparaît sur la capacité du pays à s’endetter à des taux raisonnables . Mais le 12 mars,
                     Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE) propage un vent
                     de panique en refusant l’hypothèse d’une action spécifique de l’institution pour y faire
                     face. Immédiatement, les taux italiens s’envolent. Finalement rattrapée par la réalité
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