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PARTIE II
E / LA MOITIÉ DU MONDE CONFINÉ,
LE NAUFRAGE DE L’UNION
EUROPÉENNE
1 / L’UNION EUROPÉENNE N’A PAS ÉTÉ À LA HAUTEUR DANS LA CRISE
Si l’Union européenne porte une lourde responsabilité dans l’affaiblissement de notre
tissu industriel et de nos services de santé, elle fut également fautive dans sa gestion
de la crise sanitaire . D’abord par son atonie à l’arrivée du virus sur le sol européen,
abandonnant les États membres à leur triste sort. Elle s’est ensuite révélée incapable
d’une quelconque coordination des réponses nationales pour organiser la solidarité
opérationnelle nécessaire pour faire face à l’engorgement des services hospitaliers ou
aux pénuries de matériel médical. La Commission européenne se décida finalement
à agir à contre-temps, réalisant à quel point les dogmes de l’austérité et de la concurrence
libre et non faussée se révélaient être des obstacles majeurs à la bataille sanitaire.
a) L’Union européenne aux abonnés absents face à l’arrivée de l’épidémie
À la date du 24 février 2020, 178 cas de coronavirus sont officiellement recensés dans
l’Union européenne, dont 132 pour la seule Italie ; ce jour-là, lors d’un point presse,
Stella Kyriakides, commissaire à la santé et à la sécurité alimentaire et Janez Lenarčič,
commissaire à la gestion des crises déclarent que « le niveau global de préparation
est bon car les pays ont mis en place des mesures de réaction visant à fournir un trai-
tement pour les cas à l’intérieur de l’UE et à atténuer toute nouvelle transmission à
l’intérieur de et vers l’UE. ». Ils présentent les actions prises jusqu’alors par la Commission
européenne : des « orientations concernant le conseil aux voyageurs » sont élaborées
et les commissaires mettent en garde les États membres contre les volontés de réduire
la liberté de circulation sur le territoire européen.
On aurait dû prendre très tôt des dispositions de contrôle
aux frontières, ça n’a pas été fait. On voyageait dans cette
période sans aucun souci, tout allait bien dans le meilleur
des mondes. On a laissé se véhiculer ce virus très virulent
sans aucun souci.
Jean-Marc Devauchelle, Secrétaire général de la Fédération Sud Santé Sociaux
Deux semaines plus tard, l’Italie fut submergée, puis ce fut le tour de l’Espagne et de la
France. Aux abonnés absents, les institutions européennes n’organisèrent aucune
coordination entre les politiques nationales des différents États membres. L’Italie décréta
un confinement des régions du Nord du pays le 8 mars, puis l’extension à l’ensemble
du territoire national dans la nuit du 9 au 10 mars. Le 12 mars, la République tchèque
et la Slovaquie décidèrent unilatéralement de rétablir les contrôles à leurs frontières.
Chypre, le Danemark, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne leur emboîtèrent le pas le 13 mars.
Le 15 mars, c’est au tour de l’Espagne d’imiter l’Italie et de décréter un confinement
national. Le lendemain, le 16 mars, l’Allemagne décida unilatéralement la fermeture
de sa frontière avec la France et adopta le 22 mars des mesures de distanciations sociales
strictes mais non un confinement généralisé. À la lecture des faits, l’absence d’action

