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                     L’Italie fut également particulièrement affaiblie par les contradictions entre le pouvoir
                     central et les autorités régionales. Dans un État extrêmement décentralisé, presque
                     fédéral, les politiques nationales et régionales n’ont pas toujours été coordonnées.
                                On a divisée l’Italie en 20 régions qui ont eu beaucoup

                             d’indépendance par rapport à certaines questions
                             notamment la question sanitaire. On a 20 régions.
                             On a 20 systèmes sanitaires différents. C’est hallucinant.
                             On avait des régions qui fermaient tout et d’autres qui
                             ouvraient. On avait certains traitements dans une région
                             et pas dans une autre. L’État a été incapable de s’imposer
                             aux régions et de les contrôler.
                             Salvatore Prinzi, Membre de la coordination nationale de Potere al Popolo


                     Les contradictions permanentes et l’absence de lisibilité dans les consignes entre les
                     différents échelons laissèrent la place à l’arbitraire. Le contrôle de la population y fut
                     particulièrement répressif, l’État italien compensant son manque d’anticipation et
                     d’organisation par un recours à l’armée pour faire respecter ses mesures de confinement.
                     Enfin, les politiques de solidarité furent largement incomplètes en raison notamment
                     d’un marché du travail encore largement impacté par le recours à une main d’œuvre
                     sans contrat, ni conditions de travail. Ce sont donc des millions de personnes qui ne
                     purent avoir recours aux mesures d’indemnisation mise en place partout en Europe
                     pour compenser la baisse des activités liés au confinement. Mais dans ce malheur,
                     l’exemple italien nous enseigne la capacité d’organisation des citoyens, et notamment
                     des couches populaires pour pallier les défaillances de l’État .
                                Les centres sociaux, les petits collectifs, les structures
                             associative ont organisé des distributions de repas,
                             des distributions de masques. Dans chaque quartier
                             s’est mise en place une auto-organisation populaire pour
                             s’entraider vu que l’État n’était pas capable de nous donner
                             des informations et des biens de première nécessité.
                             Salvatore Prinzi, Membre de la coordination nationale de Potere al Popolo


                        b)   L’Allemagne : un État avec des capacités

                     Tout au long de la crise du Covid-19, l’Allemagne ne semble pas avoir connu les faiblesses
                     de la France dans sa gestion de la pandémie. Le nombre de personnes atteintes du
                     virus y fut sensiblement plus faible. Son système de santé, bien moins affaibli, a su
                     encaisser le gros du choc. Le nombre de décès (sachant que les méthodes de compta-
                     bilisation varient d’un État à un autre) fait apparaître un taux de mortalité de 8,1 pour
                     100 000 habitants contre 37 pour 100 000 en France à la date du 1er mai. Pourtant,
                     l’Allemagne ne décida pas de la mise en place d’un confinement absolu mais privilégia
                     davantage un modèle de restrictions strictes. Ces résultats peuvent s’expliquer par
                     plusieurs facteurs. Premièrement, une bonne anticipation du gouvernement fédéral
                     allemand qui dès le mois de janvier a engagé un travail d’anticipation. Cette préparation
                     s’est notamment portée sur l’élément crucial mis en avant par l’OMS : le dépistage.
                     Dès janvier, les laboratoires allemands se mirent en ordre de bataille pour se préparer
                     à dépister massivement ce qu’ils furent capables de faire avec environ 500 000 tests
                     par semaine.
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