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        PARTIE II



                           F /  ET L’HUMAIN DANS TOUT ÇA ?





                           1 / L’ÉCOLE IMPOSSIBLE

                           Les déclarations pour le moins contradictoires du ministre ont jeté la plupart des
                           personnels de la communauté éducative dans l’expectative lors des premiers jours
                           du confinement, et le silence de la hiérarchie ou les interprétations parfois divergentes
                           des différents rectorats a considérablement compliqué l’organisation de la « continuité
                           pédagogique ». Cette dernière a d’ailleurs été tantôt dénoncée comme un leurre, la source
                           d’un surtravail stressant tant pour les personnels que les élèves et leurs familles, que
                           comme un outil de communication qui n’avait que peu à voir avec la réalité du terrain.
                           Les inégalités sociales ont été particulièrement ressenties lors de cette crise : taille
                           du logement, accès et usage du matériel informatique au sein du domicile, difficultés
                           spécifiques pour les allophones, élèves en situation de handicap, élèves entretenant
                           en amont un rapport conflictuel à l’institution scolaire. On recense un ensemble de
                           difficultés qui compromettent la « continuité pédagogique » comme l’absence de matériel
                           informatique adéquat, les conflits au sein des familles, l’absence de culture numérique
                           permettant la maîtrise d’un certain nombre d’outils (courriels, documents écrits, etc.),
                           la conciliation pour les parents du télétravail et de l’accompagnement pédagogique, etc.


                                      On a rencontré une maman qui recopiait tout
                                    à la main des 15 pages envoyées tous les trois jours
                                    par la professeure.

                                    Elisabeth Arend et Djamel Arrouche, Villejuifois Solidaires

                           Ainsi, le suivi des cours et des devoirs s’est transformé en véritable cauchemar pour
                           certains foyers . Suivre des cours à distance dans les conditions actuelles comporte
                           déjà de nombreuses difficultés, mais le faire sans connexion internet, par exemple,
                           relève de l’impossible et engendre nécessairement des  situations  de décrochage.
                           Dans le cas où l’imprimante manque, ou qu’un seul ordinateur doive être partagé par
                           plusieurs personnes simultanément (parents en télétravail, plusieurs enfants suivant
                           des classes différentes), la logistique à elle seule se transforme en obstacle majeur
                           voire insurmontable . Ces situations de décrochage, liées aux inégalités structurelles,
                           sont rendues sensibles dans les chiffres donnés par le ministre : on estime son taux
                           entre 4 et 8% dans l’hexagone, contre 15 et 25% en outre-mer pendant le confinement.
                           Par ailleurs, il existe également des écarts abyssaux de disponibilité des parents
                           pour gérer cette instruction à la maison, selon qu’ils doivent se rendre au travail ou
                           non, télétravailler ou non, et selon leur propre niveau d’aisance avec le contenu péda-
                           gogique, la langue française et les méthodes d’enseignement.


                                          On a des parents qui sont extrêmement inquiets
                                    de ne pouvoir suivre la scolarité de leurs enfants
                                    quand ils ont été eux-mêmes en situation d›échec
                                    scolaire. Le suivi scolaire génère une angoisse
                                    supplémentaire pour ces parents qui craignent
                                    le redoublement de l›enfant. .

                                    Claire Hédon, Présidente d’ATD Quart-Monde
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