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PARTIE II DES CONDITIONS D’OBSÈQUES
EXCEPTIONNELLES
EN PÉRIODE DE COVID-19
Les interdictions de visites dans les Ces conditions d’obsèques exception-
EHPAD ou dans les services hospitaliers nelles, parfois sordides, sont une douleur
pour ne pas propager le virus ont une supplémentaire pour les proches des dé-
conséquence terrible : les personnes funts et représentent un obstacle au
meurent seules. Sans personne pour deuil. Et elles ont parfois franchi un seuil
leur tenir la main. Sans leurs proches à dans l’insupportable : à Rungis, un hall du
leurs côtés. marché a été réquisitionné pour un opé-
rateur privé afin d’entreposer les corps
Il est impossible de voir le corps du dé- des personnes décédées du Covid-19.
funt et les soins de conservation, la tha- Ce service de pompes funèbres, OGF,
natopraxie ou les toilettes rituelles sont facturait aux familles des personnes
interdits. Suite à l’avis du Haut Conseil de décédées du coronavirus 55 euros par
la Santé Publique du 28 février 2020, le heure pour aller se recueillir auprès de
défunt doit être placé dans une housse leur proche, 159 euros pour accueillir le
mortuaire qui ne pourra plus être ouverte. corps pour 6 jours et 35 euros par jour
La fermeture du cercueil doit être effec- supplémentaire.
tuée au plus vite. En raison de l’utilisation
d’une hausse mortuaire et de la néces- Suite à l’indignation légitimement provo-
saire rapidité de la mise en bière, les quée, le ministre de l’Intérieur a déclaré
proches ne peuvent voir la dépouille du que l’État prendrait en charge les frais
défunt avant la fermeture du cercueil. supplémentaires occasionnés par les dé-
lais d’inhumation. Au titre de notre huma-
Le Premier ministre Édouard Philippe a nité et de notre dignité commune, l’État
également décrété que les obsèques de- aurait dû prendre en charge totalement
vaient se dérouler « dans la limitation les frais d’obsèques de l’ensemble des
d’une vingtaine de personnes au maxi- personnes décédées du Covid-19. Car
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mum ». Les lieux de recueillement sont ne pas pouvoir enterrer ses proches di-
fermés au public. Les crémations se dé- gnement par manque de moyens est aus-
roulent à huis clos, seuls cinq membres si un traumatisme.
de la famille sont autorisés à entrer. Les
inhumations dans les cimetières se font
en nombre restreint, avec pas plus de dix
personnes autorisées à entrer. Les proches,
souvent géographiquement éloignés, ne
peuvent donc pas dire au revoir au défunt,
traversent cette épreuve de manière iso-
lée, alors qu’une cérémonie funéraire à,
elle, une fonction de catharsis collective.

