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                     Mais le chef de l’État a pris le problème à l’envers en fixant arbitrairement la date du
                     11 mai . Obligeant son Premier ministre, Édouard Philippe, à donner les grandes lignes
                     d’un plan de déconfinement le 28 avril 2020. « Rien dans la Constitution n’imposait au
                     gouvernement de présenter à l’Assemblée nationale la stratégie que je viens d’exposer »
                     plaide Édouard Philippe, alors même qu’il a refusé aux parlementaires un délai sup-
                     plémentaire pour le voter. La stratégie du gouvernement : « protéger, tester, isoler » n’a
                     pas été préparée correctement. Non seulement, c’est après plusieurs longues semaines
                     de confinement que le gouvernement s’est enfin résolu à suivre les recommandations
                     maintes fois répétées par l’OMS dès le 6 mars. Mais plus encore, il n’a pas profité de
                     cette période du confinement pour permettre une augmentation des stocks de tests et
                     de masques suffisants.


                                Toutes les conditions ne sont pas réunies

                             pour une reprise massive du travail.

                             alertait Philippe Martinez le 29 avril.


                     Les conditions matérielles n’étaient pas assurées pendant le confinement et elles ne
                     le sont toujours pas. Pour protéger, il faut des masques. Édouard Philippe a annoncé
                     plusieurs  millions  de  masques  « grand  public », autre façon  de dire que  les FFP2
                     manquent cruellement. Pour tester, il faut des tests. L’objectif était de tester 700 000
                     personnes par semaine. Ce chiffre est loin d’être atteint. Pour isoler, il faut des logements
                     adéquats en nombre suffisant. Mais le gouvernement s’est refusé à procéder à des
                     réquisitions, qu’il s’agisse de l’industrie textile, des laboratoires comme des chambres
                     d’hôtel. Édouard Philippe annonce la mise en place de zones « rouges » et de zones
                     « vertes », définies selon trois critères : la proportion de nouveaux cas, les capacités
                     d’accueil en service de réanimation, la mise en place du système de détection des
                     chaînes de contamination. Ce, afin de distinguer les départements prêts à être décon-
                     finés de ceux qui ne peuvent pas l’être.

                     L’ingrédient de base de tout plan de déconfinement, qui doit évidemment être progressif,
                     c’est la confiance. On en est loin, avec la mise en place de sanctions extrêmement sévères
                     et une infantilisation importante de la population. Par ailleurs, ordres et contre-ordres se
                     sont succédés, notamment sur le port du masque. Tant et si bien que s’est brisé le ressort
                     fondamental de la lutte sanitaire : la confiance . Dès le 30 avril, le gouvernement battait
                     les records de défiance dans le baromètre CoviDirect OpinionWay - « Les Echos ». La
                     proportion de Français faisant confiance au gouvernement pour limiter les effets de
                     l’épidémie est ainsi tombée pour la première fois sous la barre des 40 %. Une majorité
                     de français (59 %) indiquait « ne pas faire confiance au gouvernement pour limiter les
                     effets de l’épidémie de coronavirus ». Un bond de 2 points en vingt-quatre heures et de
                     7 points sur dix jours.

                     Le 7 mai, Édouard Philippe validait le déconfinement. Depuis, le pays est divisé en deux.
                     Quatre régions sont « en rouge »,  soit  33  départements :  Île-de-France,  Bourgogne-
                     Franche-Comté, Hauts-de-France et Mayotte. Pour les départements qui se maintiennent
                     « en vert » les trois premières semaines, il sera possible d’envisager une nouvelle étape
                     de déconfinement (lycées, cafés, restaurants…). Pour les départements « en rouge », certains
                     critères de fermeture sont maintenus (pas d’ouverture des collèges, ni parcs et jardins).
                     À l’exception de Mayotte qui doit rester confinée, et malgré les contraintes renforcées en
                     Île-de-France, un point commun les rassemble : tout le monde peut retourner travailler.
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