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PARTIE III
Salomon, évoquait le nombre de tests réalisés, à l’hôpital et dans les laboratoires de
ville. Puis cette mention a disparu. »
Dans son audition en date du 3 avril, Jacques Haiech, professeur émérite de biotech-
nologie à l’université de Strasbourg, a été formel. « Ce dont on a vraiment besoin, en très
grande quantité, ce sont des tests pour détecter les anticorps (donc des tests sérolo-
giques). » Concernant le nombre de dépistages, celui-ci « a connu de fortes fluctuations
au cours des dernières semaines. Il varie entre 200 000 et 270 000 tests par semaine »,
a assuré le ministère de la Santé aux journalistes menant l’enquête. Selon le décompte
des journalistes, la France n’a en fait jamais passé la barre des 150 000 tests par se-
maine. Ainsi, « en agrégeant les données publiques disponibles, 149 800 tests
virologiques ont été réalisés la semaine 18 (du 27 avril au 3 mai 2020) en France . Très
loin donc des 300 000 tests avancés par la direction générale de la Santé . Quant à
l’objectif affiché des 700 000 dépistages hebdomadaires à partir du 11 mai, aucune
donnée détaillée ne vient l’étayer . Selon des chiffres disponibles sur le site de Santé
publique France, depuis le 24 février, 831 174 tests virologiques ont été réalisés, à la
fois dans les hôpitaux publics et dans les laboratoires privés de ville (respectivement
627 464 et 203 710) . Un peu plus de 830 000 tests en 10 semaines d’épidémie quand on
parle d’en faire 700 000 par semaine, on se dit qu’il va falloir mettre le turbo ! » .
Le président du Syndicat national des biologistes des hôpitaux (SNBH), Xavier Palette,
enfonce le clou : « c’est impossible d’arriver à 700 000 tests en une semaine . Il manque
des surblouses, des kits de prélèvement, du personnel… ». Pourtant, le secteur privé
peut concourir à atteindre l’objectif. Mais il faut attendre le 5 avril pour qu’un décret
permette aux préfets et aux agences régionales de santé de réquisitionner les laboratoires
non médicaux. De difficultés logistiques en péripéties administratives détaillées par
l’enquête de France Info, l’objectif des 700 000 tests par semaine s’éloigne.
3 / L’ÉCOLE
Il est évident que l’objectif du gouvernement dans ce déconfinement est la reprise de
l’économie. Leur priorité ? Permettre aux parents de retourner travailler. Et c’est sûrement
Jean Castex, chargé par le gouvernement de coordonner la sortie du confinement, qui
est le plus clair sur l’intérêt économique qui prévaut :
Il est clair qu’un lycéen peut se garder
tout seul, alors que si les deux parents
d’un écolier travaillent, cela va poser
des difficultés.
Jean Castex, le 6 mai auditionné par le Sénat.
Face à la défiance et la peur des Français, il a donc élaboré un plan au forceps. Des
moyens d’ « encourager » les personnes ont ainsi été mis en place : à partir du 1 juin,
er
les parents devront fournir une attestation à leur employeur pour justifier que l’éta-
blissement scolaire de leur enfant n’est pas en mesure de l’accueillir. Sans ce justificatif,
ils n’auront plus droit au chômage partiel. Le Défenseur des droits lui-même, invité
sur Europe 1 le dimanche 26 avril, a désapprouvé cette forme de volontariat pour le
déconfinement scolaire et pointé du doigt toutes les inégalités que cela pourrait engendrer.

