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        PARTIE III



                           habituellement. (...) À compter du 11 mai, la régie table sur une reprise progressive de
                           son trafic de l’ordre de 75 %, ce qui correspond théoriquement à 8 millions de voyages
                           quotidiens potentiels : mais seuls un peu moins de 2 millions seront réalisables en
                           respectant la distanciation sociale. » 2

                           Dans la perspective du déconfinement, tous ont tiré le signal d’alarme. Les dirigeants
                           des principales sociétés de transport public (RATP, SNCF, Transdev, Keolis…) ont ainsi
                           adressé une lettre à Édouard Philippe, indiquant qu’ils ne pourraient assurer leur mis-
                           sion dans les conditions fixées par le chef du gouvernement, et qu’il leur était « impos-
                           sible de répondre d’une obligation de résultat qui pourrait [leur] être imposée ». Ils ont
                           signalé, « en cas de forte affluence », des « risques d’arrêt du service susceptibles de
                           générer des troubles » et « des tensions sociales de la part du personnel ». Un courrier
                           qu’a peu apprécié le secrétaire d’État aux transports. « Ce courrier ne m’a pas ravi sur
                           la forme parce que sur le fond nous discutons quasiment quotidiennement avec les
                           opérateurs de transports et j’avais cru apporter un certain nombre de réponses », a
                           déclaré Jean-Baptiste Djebbari à l’Assemblée le 5 mai. Comme cela était à prévoir, la
                           ligne 13 a été particulièrement fréquentée le lundi 11 mai au matin, empêchant les
                           voyageurs de respecter les règles de distanciation physique . Les scènes de cohue se
                           sont  multipliées  sur les  réseaux sociaux . En réalité,  les transports desservant  les
                           villes populaires, alors même que ces villes accueillent une majorité de travailleurs
                           essentiels pour lesquels le télétravail est impossible, affichent une capacité au mieux
                           de 60%. Et rien ne dit que la situation va s’arranger.


                           Les voyageurs comme les travailleurs des transports sont des personnes exposées,
                           susceptibles de contribuer à une nouvelle vague épidémique. Selon Fabien Villedieu,
                           cheminot et délégué Sud-Rail, auditionné le 3 avril, 10% des effectifs ont continué de
                           travailler  sur le terrain,  soit  15 000  cheminots, conducteurs  de train,  aiguilleurs,
                           contrôleurs, agents de sécurité et de maintenance. Les 150 000 cheminots français
                           risquent de se transformer en autant d’agents propagateurs s’ils ne sont pas protégés.
                           Le 6 mai, la PDG de la RATP annonçait devant le Sénat que 8 personnes étaient décé-
                           dées du Covid-19. En manque de reconnaissance, les chauffeurs-routiers sont en co-
                           lère. La CFDT a appelé le 7 mai à une journée d’action en hommage aux transporteurs
                           décédés du Covid-19 et revendiquent le paiement d’une prime, éventuellement par
                           l’État, du fait de la fragilité financière de nombreuses PME du transport.


                                     Nous estimons que 5 500 personnes

                                   dans le transport ont été victimes du Covid-19
                                   et nous recensons au moins 35 décès.

                                   Patrick Blaise, Secrétaire général de l’Union fédérale route CFDT.

                           La situation financière de la SNCF, quant à elle, se dégrade dangereusement : déjà 2
                           milliards d’euros de manque à gagner. « Si la reprise est lente et si nous produisons
                           moins de trains que par le passé, il ne sera pas anormal ou illogique d’ajuster le niveau
                           d’emploi au volume d’activité. Ce n’est pas un sujet tabou » a estimé le PDG Jean-Pierre
                           Farandou sur France Inter le 2 mai. Dans un article du Figaro daté du même jour,
                           M. Djebbari précisait : « tant que nous n’avons pas une vision extrêmement précise du
                           coût qu’aura porté le coronavirus sur la SNCF, d’ailleurs tant que nous ne connaissons





                           2 / « Déconfinement : à quoi ressemblera le métro parisien le 11 mai ? », Le Monde, 7 mai 2020.
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