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PARTIE III
On ouvre les écoles quand on est sûr
à 100 % de la sécurité pour les enfants,
or ce n’est pas le cas.
Jean-Luc Mélenchon le 7 mai sur France Info.
Dès le 3 mai, plus de 300 maires franciliens ont demandé à ce que la rentrée soit re-
poussée. Sentant sans doute la polémique monter, Emmanuel Macron et Jean-Michel
Blanquer visitent une école des Yvelines le 5 mai. Le président se veut rassurant. Il
souhaite un « retour progressif et concerté » à l’école, salue le « formidable travail des
enseignants ». Pour le 11 mai, il annonce l’objectif d’une « bonne rentrée plutôt qu’une
rentrée en nombre », pour que « tous les enfants qui ont besoin de revenir à l’école
puissent trouver une école ouverte ». Il annonce une rentrée « à la carte ». Le 11 mai
n’est plus une obsession fixe, il y aura des pré-rentrées, des classes réduites. « Il faut
de la souplesse », pour une reprise qui se fera « dans le calme et le dialogue ». Il dit
comprendre les inquiétudes des maires tout en renvoyant ceux-ci à leur pragmatisme
pour la mise en œuvre concrète du dédoublement des classes annoncé. Une jolie fa-
çon de dire que rien n’est prévu pour le rendre possible. Aux enseignants qui s’in-
quiètent, il affirme qu’« on ne dira jamais à un enseignant pour qui les conditions de
sécurité ne sont pas remplies d’aller travailler ».
Le 7 mai, Jean-Michel Blanquer réitère. Il rappelle les niveaux privilégiés et les publics
prioritaires (les enfants en situation de handicap, les enfants décrocheurs, les enfants
de travailleurs dits essentiels). Il affirme : « 87 à 90% des écoles ouvriront la semaine
prochaine. », un million d’élèves reviendront dans leurs classes et 130 000 professeurs
seront présents. Le gouvernement a, lui, d’abord justifié ce retour à l’école comme une
mesure sociale. Mais c’est de la bouche de B. Le Maire que la vérité jaillit. « Nous avons
perdu beaucoup de croissance et beaucoup d’emplois, nous devons donc relancer
l’activité économique, dans des conditions de sécurité maximales, mais l’économie
française doit redémarrer . » L’enjeu majeur, c’est donc la reprise d’activité. Selon une
enquête Snuipp/ Harris interactive sur la reprise de l’école le 11 mai, 70 % des ensei-
gnants de premier degré se sont dit opposés à la réouverture progressive des écoles.
C’est également le cas pour 61% des Français et 59% des parents d’enfants scolarisés
en maternelle et élémentaire. 82% des enseignants se sont dits inquiets de repartir
éventuellement en classe et 81% des parents sont inquiets pour leur enfant. « C’est-à-
dire que là on est complètement livré à nous même. Pour nous ça n’est pas possible de
reprendre dans ces conditions » précise Julie Rastoul, institutrice et Secrétaire du
SNUDI FO34. Les polémiques au sujet de l’école ne sont pas près de se tarir. Mais Blanquer
se veut rassurant : le 12 mai, il affirme qu’il y a « plus de risque chez soi qu’à l’école » .
Manifestement, le gouvernement navigue à vue. Selon le Snuipp-FSU, syndicat majo-
ritaire dans le premier degré, 70% des écoles rouvrent la semaine du 11 mai, alors que
le ministère parle de 86%, et le ministre de plus de 90% sur son compte Twitter. La
question des masques reste là aussi la question prédominante, tant pour les profes-
seurs que pour les élèves, et notamment les plus petits pour qui les gestes barrières
s’avèrent très difficile à respecter. À la suite de la parution du décret du 11 mai prescri-
vant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de Covid-19, le
protocole sanitaire a été modifié. Des changements qui interviennent après la rentrée
du 11 mai donc. Le masque est à présent obligatoire tout le temps pour les enseignants.
Mais seulement deux masques par jour de présence et par enseignant sont prévus.
Le cas des masques pour les élèves est simplifié. Le premier protocole, en date du 3
mai, indiquait qu’il « appartiendra aux parents de fournir des masques à leurs enfants

