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PARTIE II
On mange 35kg de produits aquatiques en France par habitant
et par an, et si l’on devait prendre une consommation
équitable et durable au niveau mondial, cela devrait être 8kg.
On mange trois fois plus de poissons que l’on devrait
et surtout l’on ne mange pas le bon type de poisson :
les poissons les plus achetés sont les saumons, les thons
et les crevettes. Donc des produits pas frais, pas toujours
sauvages et pas forcément français.
Mathieu Colléter, Ingénieur agro-halieute, docteur en écologie marine, responsable
« Science et relations institutionnelles » de BLOOM
Cela implique aussi de soutenir l’évolution des pratiques de la pêche artisanale qui
doit être plus sélective pour éviter les « captures accidentelles » de dauphins ou d’autres
espèces protégées. Ces « captures accidentelles » sont en réalité un phénomène struc-
turel dû à notre modèle économique et technique, sur lequel on ferme pourtant les yeux.
Les méthodes sélectives existent, pratiquées par une minorité
de bateaux : pêche avec un hameçon conçu pour certaines
espèces... Mais ils pêchent infiniment moins en quantité
et ne peuvent pas répondre aux demandes en poisson.
Il faut que la demande diminue drastiquement pour
qu’une petite pêche vraiment sélective suffise. Il faut qu’on
comprenne que ce qui nous arrive aujourd’hui avec le Covid
est une partie de campagne par rapport à ce qui nous attend
avec l’effondrement du vivant. L’océan est la machine
de régulation du climat, les enjeux sont colossaux,
si les océans meurent, on meurt avec. Mais tout est fait
pour que la prise de conscience ne s’opère pas.
Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France
Dans ce contexte, le lobbying actif de certains représentants d’intérêt pour le report
des quotas de pêche non-utilisés ne doit pas être regardé comme une solution et doit
être fermement combattu.
On voit des secteurs industriels qui veulent et peuvent profiter
de cette crise pour continuer la même tendance. Il y a déjà
eu des demandes des reports des quotas non utilisés, ce qui
ne fait absolument pas sens au niveau biologique ; on ne va
pas reporter ces quotas, en dépit de tout avis scientifique,
pour faire plaisir aux gros industriels. Il faut profiter de cette
crise pour repenser le modèle de la pêche pour mieux
prendre en compte les avis scientifiques et les besoins des
ressources. Il faut faire éclore une nouvelle consommation.
Mathieu Colléter, Ingénieur agro-halieute, docteur en écologie marine, responsable
« Science et relations institutionnelles » de BLOOM

