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                     3 /  DES SECTEURS PROFESSIONNELS ABANDONNÉS
                        OU PAS SUFFISAMMENT SOUTENUS

                     Au cours de cette période, le gouvernement n’a eu de cesse de sacrifier le droit du travail
                     et la santé des travailleurs à « la continuité de l’activité économique » . Mais il serait
                     erroné d’en conclure que l’activité économique a reçu un soutien adéquat. De nombreux
                     secteurs professionnels ont été laissés à l’abandon ou ont subi des défaillances majeures
                     de la part de l’État . À chaque fois, une constante : ce sont les gros qui bénéficient du
                     soutien de l’État ou des dérogations aux règles sanitaires, alors que les petits subissent
                     ces mesures de plein fouet sans souvent disposer d’un soutien public à la hauteur des
                     difficultés générées par la crise.

                        a)  Tapis rouge pour la grande distribution

                     Parmi eux, des secteurs pourtant déclarés « en première ligne » comme le secteur de
                     l’agriculture. Le secteur travaille avec le vivant, celui-ci ne s’arrête pas. Il ne permet
                     pas de pause le temps de la pandémie. La production alimentaire fait par ailleurs in-
                     déniablement partie des  activités prioritaires  et vitales : elle devait  se  poursuivre.
                     Mais faute de prendre la responsabilité de définir clairement les activités essentielles,
                     l’État a failli à les soutenir de façon appropriée. Derrière les grandes phrases dont les
                     agriculteurs ont été abreuvés, peu de concret . Lorsqu’il se décide à agir, le gouvernement
                     est nuisible. Son action est marquée par l’improvisation qui a caractérisé la période en
                     permanence. Le cas des décisions relatives au marchés de plein vent l’illustre. Le 23 mars,
                     le gouvernement décide de la fermeture des marchés de plein vent . Une décision abrupte,
                     unilatérale et dont il est difficile de lire la cohérence alors que la grande distribution
                     reste ouverte et qu’il n’est pas envisageable de fermer aux citoyens l’accès à l’alimentation .
                     Cette décision a des conséquences graves sur les producteurs pour lesquels c’est un
                     circuit de distribution et pour les consommateurs.

                     La réouverture des marchés est permise sur dérogation du préfet. Mais sur ce sujet, le
                     ministère de l’Agriculture et le ministère de l’Économie se contredisent de façon caco-
                     phonique. De plus, la circulaire qui permet cette réouverture est transmise aux préfectures
                     sans être accompagnée d’une communication claire et nette : ainsi elle est interprétée
                     de façon différente d’un département à l’autre, suscitant des ruptures d’égalité et des
                     situations difficiles à gérer pour les producteurs et pour les consommateurs. En un mot :
                     avec cette décision, le gouvernement se défausse. Dans le même temps, le secteur se
                     mobilise et fait preuve d’une auto-organisation remarquable. Les syndicats élaborent des
                     guides méthodologiques pour la réouverture des marchés en sécurité, échangent en
                     permanence avec les élus locaux pour trouver ensemble des solutions de distribution
                     alternatives, dans des gymnases ou dans des salles des fêtes. Mais l’abandon de l’État,
                     son incapacité à trouver et à accompagner des solutions n’en est que plus frappant.

                                Nous avons été laissés seuls sur l’organisation du maintien

                             des débouchés. Le gouvernement, de mon point de vue,
                             ne prend pas ses responsabilités, il délègue aux territoires,
                             aux élus locaux, aux entités économiques, aux syndicats.
                             C’est le laisser-faire, que chacun trouve ses solutions par
                             lui-même. On n’est pas sécurisés. Il n’y a aucune démarche
                             globale et nationale. Ce n’est pas au niveau de la situation.

                             Nicolas Girod, Porte-parole de la Confédération paysanne
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