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                                [La Poste] a donc fait appel à la sous-traitance, à des CDD,
                             à l’entreprise Médiapost - une filiale de La Poste où il n’y a que
                             du temps partiel, avec des salaires autour de 500 euros
                             par mois et une distribution du courrier à partir de leurs
                             voitures personnelles. À Toulouse, il y a eu la première
                             journée 30% de démissions à Médiapost, parce que la mission
                             était infaisable en fait. On a voulu faire remplacer
                             un métier par une entreprise qui ne savait pas le faire.
                             Christian Mathorel, Secrétaire Général de la CGT FATP
                     Ce système est également de mise dans des secteurs aussi vitaux et stratégiques que
                     l’agriculture ou l’énergie. Gilles Reynaud, de Sud Energie Sous-traitance nucléaire, et
                     président de « Ma zone contrôlée », rappelle ainsi que dans ce secteur, 80% de la maintenance
                     est faite en sous-traitance, que les sous-traitants y exercent des métiers essentiels,
                     peu rémunérés, peu valorisés, et sont les plus exposés à la radioactivité, alors même
                     qu’ils sont également les moins suivis médicalement.


                               La sous-traitance aujourd’hui, c›est un effectif considérable,
                             avec plus de 160 000 salariés concernés. [...] On manque
                             de moyens, on manque de reconnaissance. On attend
                             quoi pour agir ? On attend quoi ?

                             Gilles Reynaud, Sous-traitant du nucléaire, président de l’association Ma zone contrôlée

                     Or durant le confinement, les travailleurs sous-traitants et les statutaires n’avaient pas
                     le même niveau de protection. Aberration d’une situation où sur un même site nu-
                     cléaire, les personnes travaillant ensemble étaient plus ou moins protégées comme si
                     le virus se souciait des statuts.

                     Concernant le secteur agricole, Nicolas Girod (porte-parole de la Confédération Paysanne),
                     dénonce lui aussi le fait que l’on fasse reposer des métiers aussi essentiels sur des
                     précaires sous-payés, souvent venus des pays de l’Est, dont le manque qui s’est fait
                     sentir pendant cette crise a mis à jour l’importance, ainsi que l’impasse de ce modèle
                     d’exploitation de la précarité.

                     Pendant que tous ces salariés prenaient des risques sanitaires pour pouvoir garder un
                     emploi leur permettant parfois à peine de survivre, les chefs de grandes entreprises et
                     de  grands  groupes  –  que  l’on  peut  qualifier  de  véritables  « profiteurs  de  crise »  – ,
                     semblent très bien se porter voire même profiter de la situation. L’action d’Amazon
                     atteint des records historiques. Vivendi a augmenté son dividende de 20%, portant le
                     montant total à 697 millions d’euros, alors que certaines de ses filiales bénéficient du
                     chômage partiel. Sanofi s’apprêtait fin avril, à distribuer 3,8 milliards de dividendes à
                     ses actionnaires, qui, comme nous le rappelaient Pascal Collemine et Thierry Bodin
                     (CGT Sanofi) auraient pourtant été plus utiles ailleurs, tant en externe (pour la santé
                     publique) qu’en interne (pour gérer l’accélération à venir dans les traitements anti-in-
                     fectieux, par exemple). Les exemples comme ceux-là sont nombreux. Ils s’appellent
                     aussi : Veolia, le groupe PSA, Axa, Korian, Disney…et nous rappellent une fois encore
                     que dans leur monde, les profits des actionnaires passent avant la santé des salariés.
                     Si nous sommes en guerre, ce sont eux qu’il aurait fallu taxer, à l’image de ce qui fut
                     fait en 1916 . 24




                     24 / « Si nous sommes en guerre, taxons les profiteurs de la crise ! », le JDD, 27 avril 2020.
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