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PARTIE II
fonctionnement avec un chantage à la délocalisation des entrepôts, et a contourné la
restriction des commandes en les faisant traiter dans d’autres entrepôts européens.
Amazon provoque déjà en France la destruction de deux
fois plus d’emplois qu’elle n’en crée avec une situation
de concurrence déloyale vis-à-vis des petits commerces.
98% des vendeurs fraudent la TVA. On parle d’un manque
à gagner pour l’État de plus d’un milliard d’euros.
Non seulement ils s’enrichissent dans la crise mais en plus
sur le dos de la santé des salariés. On se demande
qui au gouvernement est du côté d’Amazon ?
Alma Dufour, Chargée de campagne surproduction aux Amis de la Terre
Chez Sanofi, autre grand groupe dont l’activité est emblématique dans la période, se
pose également la question de la priorisation de certaines activités. C’est d’autant plus
crucial lorsqu’il s’agit de la production de certains médicaments. Pascal Collemine et
Thierry Bodin, de la CGT Sanofi, nous ont livré un témoignage en ce sens, affirmant que
même dans cette entreprise, les masques ou surblouses se sont fait attendre pendant
des semaines . Et ce au prix de nombreuses contaminations des employés : environ
600 rien que chez Sanofi France, dont 120 sur un seul et même site (celui de Marcy
l’étoile) ! Face à l’ampleur des risques pris mais aussi à l’urgence pandémique, le syndicat
s’est donc battu, en vain, pour que Sanofi se concentre sur la production de médicaments
essentiels et stoppe un temps la production non indispensable. La seule chose ayant été
obtenue en ce sens fut l’arrêt de la production de médicaments pour la santé animale.
Cette question de la hiérarchisation des activités au sein d’une entreprise apparais-
sant dans l’absolu comme essentielle, pose celle plus large de toutes les activités pro-
fessionnelles non-essentielles en temps de pandémie dont l’État aurait dû imposer
l’arrêt. Alors que la fermeture des restaurants et commerces dits non-essentiels par
mesure sanitaire n’a pas semblée insurmontable au gouvernement, il n’a en revanche
jamais souhaité restreindre l’activité de l’ensemble des secteurs non-essentiels, et ce
au mépris des risques pris par les salariés pour effectuer des tâches dispensables.
C’est un des points soulignés notamment par Xavier Petrachi, délégué syndical de la
CGT Airbus, qui insiste sur le fait qu’une grande part de l’activité maintenue par Airbus
n’est pas primordiale dans la période (comme l’assemblage des avions) et sur le caractère
absurde de s’astreindre dans ce contexte à honorer des livraisons qui ne sont plus
vraiment attendues par les compagnies aériennes, actuellement en grande difficulté,
quitte à y risquer la santé de ses salariés.
Pour produire coûte que coûte, ces entreprises ont eu massivement recours aux plus
précaires et à la sous-traitance . Face à l’inquiétude des salariés et aux nombreux droits
de retrait exercés, face aux conditions de travail globalement très risquées en ces temps
d’épidémie, le système économique s’est reposé comme souvent sur la dépendance
des plus précaires vis-à-vis de leur emploi. C’est notamment le portrait que dresse
Jérôme Pimot (du Collectif des Livreurs Autonomes de Paris) du fonctionnement des
plateformes de livraison « ubérisées ». Il oppose deux profils de livreurs, les uns qu’il
qualifie de « consciencieux », ayant appliqué assez tôt les gestes barrière et assez vite
cessé de circuler ; les autres qui sont très précaires, très jeunes, migrants pour la
plupart, et dont la situation de très grande dépendance face à ces revenus rend moins
précautionneux. Il est vrai que leurs conditions de travail ne leurs permettent pas vraiment

