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        PARTIE II



                           De même, le sort des personnes détenues est très incertain, du fait de la situation
                           particulière des prisons dans certains territoires . À Baie Mahault en Guadeloupe, les
                           masques ne sont distribués qu’aux surveillants en contact avec les détenus, aucun
                           test n’est mis en place dans les établissements pour le personnel, seul les détenus
                           suspectés sont testés. En l’absence de parloirs, aucun dispositif n’est mis en place pour
                           assurer un lien avec les familles : contrairement à certains établissements hexago-
                           naux, les détenus ne peuvent pas avoir de téléphone en cellule, les téléphones sont
                           sur la coursive et la majorité ne fonctionne pas. De plus si le gouvernement insiste sur
                           le fait que pendant la crise du Covid-19 la surpopulation carcérale a globalement dimi-
                           nué, elle est toujours très importante en maison d’arrêt puisque les détentions provi-
                           soires ont systématiquement été reconduites. C’est particulièrement problématique
                           dans des établissements déjà surpeuplés comme celui de Remire-Montjoli : étant le
                           seul centre de Guyane, il ne peut refuser les personnes en détention préventive.

                                     Aucune distance sociale ni aucun geste barrière

                                   ne peuvent être respectés lorsqu’on a trois personnes
                                   qui sont les unes sur les autres.

                                   Amélie Morineau, Présidente de l’association A3D


                           Il faut relever que la pandémie nous apprend que la surpopulation en prison n’est pas
                           une fatalité. Cependant, avec le déconfinement, il est à craindre que nous remplissions
                           les prisons aussi vite que nous les avons vidées, les mêmes causes produisant les mêmes
                           effets. Pour conclure, face à ce gouvernement aux pleins pouvoirs, nous aurions pu
                           croire  au fonctionnement  plein et entier des  institutions,  notamment  pour borner
                           cette tentation liberticide. Et s’il est indéniable qu’en ces temps de crise, le Conseil
                           d’État, juge suprême de l’ordre administratif, n’a pas été inactif, il n’a pas pour autant
                           assuré son rôle de garant des libertés. Bien au contraire, en toute non-indépendance,
                           le Conseil d’État avec sa double casquette de conseiller et de juge a pour l’essentiel
                           validé le confinement des droits fondamentaux.

                                     Aujourd’hui compte tenu de cette crise sanitaire,

                                   le gouvernement a les pleins pouvoirs.
                                   Estellia ARAEZ, Présidente du Syndicat des avocats de France

                           Cette période doit nous faire réfléchir sur la manière dont, sans trembler, le parlement
                           a donné la possibilité d’agir sur les libertés individuelles et les droits fondamentaux.
                           Si le gouvernement est responsable de cette période de régression des droits, qu’en
                           est-il de la responsabilité des législateurs qui ont armé cet exécutif si peu démocratique ?
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