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PARTIE II
Il faut s’attendre à ce que les jeunes dans les quartiers
n’en peuvent plus, car là [avec les violences policières
subies] on touche aux questions de dignité, d’intégrité,
c’est particulièrement violent de se sentir en permanence
rabaissé. La police doit être républicaine. .
Omer Mas Capitolin, Président de l’association Maison communautaire
pour un développement solidaire
Les témoignages et les vidéos faisant état de ce type de violences policières se sont
ainsi multipliés depuis le début du confinement, à Lille, Torcy, Roubaix, Asnières ou
encore Aubervilliers. À L’Ile-Saint-Denis, des policiers ont été filmés tenant des propos
racistes pendant qu’un homme s’était jeté dans la Seine pour leur échapper. Le témoi-
gnage de ce dernier et les terribles cris entendus dans la vidéo laissent penser qu’il a été
molesté. Face à ce scandale, le ministre de l’Intérieur a certes condamné les deux policiers
concernés mais toujours sans reconnaître le problème plus large et profond dont ils sont
l’illustration. Pas plus que la nécessité de remettre en question les modalités de recrutement,
de formation et de sanction dans les forces de l’ordre.
4 / OÙ EST PASSÉ LE RESPECT DE L’ÉTAT DE DROIT
EN PÉRIODE D’ÉTAT D’URGENCE SANITAIRE ?
Il faut être clair : le gouvernement a eu la main plus
que lourde dans une tendance déjà constatée de réduction
des contre-pouvoirs et de renforcement inquiétant
des pouvoirs de l’exécutif et des préfets.
Malik Salemkour, Président de la Ligue des droits de l’Homme
Face à la crise, l’œuvre de justice a été profondément perturbée. Le gouvernement
avait depuis longtemps méprisé cette institution, aussi la crise n’a été qu’un cataly-
seur d’une conception sécuritaire et gestionnaire de celle-ci. Sur l’ensemble de la pé-
riode de confinement, la réponse du gouvernement est décrite par l’ensemble des
personnes auditionnées, comme inexistante dans les premiers temps, définie sans
concertation et surtout déshumanisée au détriment du droit et des justiciables.
a) Une justice abandonnée
La crise du Covid-19 a contraint le monde judiciaire à réduire drastiquement ses activités,
afin de traiter ce que le gouvernement a qualifié sans les définir des « contentieux les
plus urgents ». Libre à chaque président de tribunal de déterminer ce qui est urgent !
Cette première non réponse renvoyant à chaque tribunal le soin de se débrouiller a
conduit de fait à une rupture d’égalité dans le traitement des contentieux sur le terri-
toire français. Cette absence de consigne a conduit à une application hétérogène et
une déstabilisation des services. En outre, l’arrêt total de certains contentieux doit
alerter quant à notre volonté de lutter contre les disparités sociales et territoriales. La
crise du Covid-19 les renforce et l’institution judiciaire à l’arrêt, en particulier la justice
familiale, conduit à une aggravation des inégalités. Comme pour le reste de la société,
le manque de masques et plus généralement de protection sanitaire, l’ensemble des
personnels judiciaires ainsi que les avocates et avocats ont dû « se réinventer » pour

