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PARTIE II
> Etudiants : précarité, pauvreté et inégalités face à la formation
Les inégalités exacerbées face à l’apprentissage ne s’arrêtent quant à elles pas à l’enfance
et à l’adolescence, et posent aussi problème aux étudiants. Dans la crise, elles sont
redoublées. Pour les étudiants qui doivent travailler en plus de leur cursus (ils étaient
46% en 2017 selon l’Observatoire de la vie étudiante) et ont ainsi déjà habituellement
plus d’obstacles que les autres à affronter, s’ajoute aujourd’hui l’angoisse pour certains
de devoir prendre des risques sanitaires en raison de leur emploi ; pour d’autres, celle
d’avoir perdu une partie ou le total de leurs revenus en raison de la mise à l’arrêt de
l’économie, ou encore d’être dans l’incertitude face à l’avenir étant donné la difficulté
à (re)trouver un stage ou un travail durant cette période . Pour celles et ceux qui sont
à la fin de leur cursus (soit 700 000 personnes), la situation n’est pas plus rassurante :
40% d’entre eux se disent inquiets pour l’avenir et 70% des entreprises pensent geler
le recrutement de jeunes. La capacité à se concentrer sur ses études, d’autant plus à
distance, est donc pour certains fortement mise à mal par d’urgentes craintes matérielles.
À la perte de son emploi, se joint souvent la peur de ne pas parvenir à payer son loyer et
subvenir à ses besoins, d’autant qu’il n’y a pas eu de moratoire sur les loyers du CROUS
mais simplement la mise en place d’une possibilité de pouvoir quitter ces logements
sans le préavis d’un mois habituellement nécessaire. La décision du gouvernement de
finalement attribuer une aide de 200 euros pour les étudiants, avec des conditions
d’attribution restreinte, est largement en-deçà de la situation d’urgence vécue par
beaucoup d’étudiants . D’autant qu’en pleine crise du Covid-19, le gouvernement a pris
la décision scandaleuse d’augmenter les frais d’inscription pour la rentrée prochaine
en suivant l’inflation.
Consciente de la gravité de la situation, la France insoumise a déjà réalisé à ce sujet
un guide recensant des mesures d’urgence à appliquer pour améliorer immédiate-
ment la condition des étudiants et étudiantes face à la crise.
> Difficultés financières et logement : l’ombre de l’expulsion
Ce problème pèse sur les épaules de nombreux foyers, la crise ayant ralenti voire mis
à l’arrêt une grande partie de l’économie . Comme le constatent Pierre Gardonnier (de
la CGT « Travailleurs privés d’emploi et précaires ») et Sylvie Espagnolle (de la CGT
« Pôle emploi ») que nous avons interrogés, Pôle emploi a ainsi vu une augmentation
des inscriptions de 7% par rapport à l’année précédente, sans compter l’explosion des
demandes attendue à la fin des mesures liées au chômage partiel. Les saisonniers, les
personnes en fin de contrat ou avec des contrats très précaires, voire pas de contrat
du tout, sont les premiers touchés. Comme nous l’ont rapporté des représentants du
DAL et de la CNL, face à l’augmentation de la précarité et de la pauvreté, les associa-
tions dédiées au droit au logement ont tiré la sonnette d’alarme et demandé un mora-
toire sur les loyers en raison du confinement, et la création d’un fonds de solidarité
pour les impayés. La France insoumise a appuyé cette demande ainsi que la nécessité
de mettre en œuvre un deuxième chèque précarité énergétique.
Lors de la Première Guerre mondiale, il avait été décidé
un moratoire sur les loyers. Le président de la République
dit que nous sommes en guerre, alors qu’il le fasse !
Alain Gaulon, Secrétaire confédéral de la CNL

