Page 84 - 1. COMMISSION COVID-G2.indd
P. 84

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////




       84


        PARTIE II



                           >  Les femmes, premières exposées
                           Les femmes sont également les premières mobilisées et les premières victimes de la
                           crise . Déjà victimes de multiples inégalités, elles sont en première ligne. Chez les in-
                           firmières et les sages-femmes, 89 % des effectifs sont composés de femmes. Elles
                           composent la majeure partie du personnel hospitalier. Poussées vers les métiers du
                           « soin » et du service, elles sont aussi largement majoritaires parmi les aides à domi-
                           ciles,  les  assistantes  maternelles , caissières  et personnels  d’entretien ménager .
                                                           9
                           Elles  sont  76  % dans  le paramédical,  87 % des  employées  d’EHPAD, 80% des  cais-
                           sières .  Ces métiers sont de plus souvent exercés dans des conditions précaires ne
                                 10
                           permettant pas toujours d’accéder aux protections nécessaires, et impliquant égale-
                           ment une fragilité financière accrue pendant et après cette crise. C’est notamment le
                           cas aux Antilles .Comme le souligne George Arnaud, membre fondatrice de l’associa-
                                         11
                           tion martiniquaise « Culture égalité » : « Le confinement a plongé brutalement dans la
                           misère une partie de la population des outre-mer et notamment des femmes, plus
                           présentes dans les secteurs précaires ou informels. Il a révélé de façon tragique des
                           dysfonctionnements structurels, en les aggravant ». Les femmes étaient déjà dans
                           une situation très précaires : elles constituent la majorité des familles monoparen-
                           tales, des personnes au chômage et des emplois précaires. Beaucoup de femmes tra-
                           vaillaient dans des domaines informels. Avec le confinement leur revenu a pratique-
                           ment disparu. « La détresse économique est immense » signale George Arnaud.

                           Le droit à l’IVG est aussi en danger dans cette période. Les craintes de consulter en
                           temps d’épidémie, couplées au manque de personnel médical et à la priorisation de la
                           gestion du Covid-19 sur le reste des soins médicaux, engendrent des retards de prise
                           en  charge  médicales  non-liées  au  virus  mais  néanmoins  essentielles.  Certains
                           professionnels de santé et les associations de défense des droits des femmes sont
                           ainsi particulièrement inquiètes d’un recul de l’accès à l’IVG en France, déjà fragilisé
                           par la fermeture de 8% des centres IVG en une décennie, qui engendre de grandes
                           inégalités territoriales dans l’accès à ce droit. Plus d’une centaine de professionnels
                           de l’IVG ont signé fin mars une tribune dans Le Monde  (« Il faut protéger les droits des
                                                                            12
                           femmes  et maintenir  l’accès  à l’avortement ») demandant  des mesures  d’urgence,
                           comme par exemple la prolongation du délai d’IVG par voie médicamenteuse à neuf
                           semaines d’aménorrhée. Caroline de Haas, membre de « Nous Toutes », nous a confir-
                           mé les craintes de l’association à ce sujet, rappelant que le refus d’accès à l’IVG est une
                           violence et que l’on risque de se retrouver avec beaucoup de cas de femmes souhai-
                           tant  avorter  mais  ayant  dépassé  le  délai  légal  en  raison  du  confinement  et  des
                           manques en personnel médical, bien que l’IVG soit officiellement classée dans la ca-
                           tégorie des soins urgents. Tous les amendements présentés pour allonger le délai
                           légal pour garantir ce droit ont été rejetés par La République en marche ou déclarés
                           irrecevables .













                           9 /  « J’ai le sentiment que nos vies ne valent pas grand-chose : ces assistantes maternelles âgées obligées
                             de travailler », Bastamag, 31 mars 2020.
                           10 / « Les caissières, largement oubliés dans la guerre de Macron », Bastamag, 17 mars 2020.
                           11 /  « Les femmes, premières mobilisées et premières victimes de la crise en Outre-mer - Commission
                             d’enquête Covid-19 », audition de George Arnaud et Rose Bonheur, 9 mai 2020.
                           12 / « Il faut protéger les droits des femmes et maintenir l’accès à l’avortement », Le Monde, 31 mars 2020.
   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89