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PARTIE II
à effectuer leurs missions sans protection. En effet, la recherche de produits prohibés
comme les stupéfiants, la contrefaçon ou les produits de contrebande nécessitent
pour les agents d’entrer en contact physique des personnes contrôlées, ce qui peut
mettre en danger à la fois l’usager et le douanier. Ce n’est qu’à l’issue d’une intervention
journalière de la CGT que la direction générale a établi une doctrine plus protectrice
des agents, partant du principe que les contrôles seraient suspendus tant que leur
mise en œuvre mettait en danger les douaniers.
À La Poste, des mesures de sécurité ont été prises à l’issue de mises en demeure par
l’inspection du travail et de l’exercice du droit de retrait des salariés . Dès le 11 mars,
les syndicats ont alerté la direction de La Poste sur la nécessité de réunir les CHSCT
en prévision du Covid-19, ce qui a été refusé dans plusieurs départements. Plusieurs
éléments de fonctionnement mettaient en danger la sécurité des salariés, tels que le
maintien des 7 jours de travail pour les salariés, le refus d’installer un marquage au sol
de distanciation sociale dans les bureaux de poste. À La Poste, il y a eu 30% d’arrêt de
travail pour les postiers, qui, lorsqu’ils sont compensés, le sont par la sous-traitance,
notamment à travers une de ses filiales, l’entreprise Médiapost. Cette dernière n’a recours
qu’à des contrats précaires, CDD et temps partiel avec des salaires avoisinant les 500 euros
par mois. Les salariés devaient distribuer le courrier à partir de leurs voitures personnelles.
À Toulouse, dès la première journée, il y a eu 30% de démissions à Médiapost, car la
mission fut jugée infaisable.
Les choses ont évolué par les actions syndicales, droits de retrait et mises en demeure
de l’inspection du travail . La fédération a dénombré 10 000 droits de retraits entre le
16 et 31 mars en France. Ce n’est qu’avec ce rapport de force que La Poste cède et décide
de faire travailler 3 jours sur 7 ses salariés. L’inspection du travail, elle, a mis en demeure
La Poste pour non marquage au sol de la distanciation physique dans les bureaux de
poste, et pour ne faire travailler que 50% des effectifs par jour. La fédération SUD PTT
a également demandé à La Poste d’établir une liste des activités essentielles à main-
tenir, telles que la distribution du courrier à diverses administrations, colis de phar-
macie, à la différence des activités non-essentielles, telles que la livraison de publicités,
etc. Suite à un refus de la direction, des rappels à la loi ont été prononcés le 9 avril,
mais sans astreinte, ce qui n’a pas eu pour effet de faire changer la direction d’avis. La
direction de La Poste a décidé de manière unilatérale de ne plus distribuer le courrier
que du mercredi au vendredi, soit deux jours de moins de distribution du courrier et
de la presse. Le lendemain même de cette annonce, le PDG de la Caisse des dépôts a
publiquement annoncé avoir eu un contact avec les patrons de presse et décidé de
rétablir la distribution de la presse le lundi et le mardi. Il a donc fallu ajuster les jour-
nées d’activité en quelques heures et trouver des salariés pour remplacer les postiers
que l’on avait mis de côté et/ou qui étaient opposés à distribuer la presse dans des
conditions de sécurité insuffisantes.
À la SNCF, la protection des cheminots, notamment les conducteurs, va rapidement
s’améliorer. Fabien Villedieu, conducteur RER SUD Rail, explique que cela ne s’est pas
fait tout seul : « il a fallu se mobiliser, exercer un droit de retrait et l’existence maintenue
des CHSCT à la SNCF a aussi permis d’améliorer vite la situation ». Façon également de
pointer la responsabilité de leur suppression par les ordonnances travail de la ministre
du Travail Muriel Pénicaud.
Ainsi, la protection tardive des salariés a coûté des contaminations et les mesures
sanitaires n’ont souvent été prises qu’après un fort rapport de force par les travailleurs
et les syndicats.

