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PARTIE II
C / L’ÉTAT AUX ABONNÉS ABSENTS
1 / DES SERVICES PUBLICS ESSENTIELS QUI N’ONT TENU
QUE PAR LE DÉVOUEMENT DES AGENTS
a / Un dénominateur commun aux conditions de travail des agents :
le manque de matériel de protection
Les mesures de sécurité ont été remises en cause pendant 10 jours par le directeur
général de Pôle emploi . Avant la crise, la possibilité de recourir au télétravail à Pôle
emploi était admise et fréquente, avec un tiers des agents en télétravail un jour par
semaine, équipés du matériel informatique adéquat. Au moment du confinement, des
directeurs régionaux ont fermé les agences pour protéger leur personnel et les usagers.
Toutefois, pendant 10 jours, le directeur général a remis en cause ces mesures, en de-
mandant que les agents reçoivent encore les usagers sans équipement de protection.
Des agents ont ainsi été contaminés et un agent en Île-de-France est décédé. Il a fallu
des pressions des syndicats, des droits d’alerte des CSE et des inspections du travail
pour fermer les sites et mettre en place une organisation de télétravail.
Quand on n’a pas de masque c’est interdit d’en porter
et quand on en aura ce sera obligatoire.
Alexandre Langlois, Syndicat Vigi police
Les policiers ont alerté sur un manque de moyens et de protocoles de protection suf-
fisants dans l’exercice de leur fonction. Les masques et les gants n’étaient pas mis à
disposition des brigades, et pire encore, il a été interdit aux policiers de porter des
masques sous peine de sanction. Ainsi, une brigade de CRS s’est vue confisquer ses
masques FFP2. Qui plus est, les gels hydroalcooliques de 75ml devaient se partager
entre 6 fonctionnaires, les gestes barrières étaient pris à la légère par les directions,
aucun équipement spécifique n’était fourni à la police aux frontières, pourtant fortement
exposée, aucun protocole de désinfection des véhicules de brigadiers n’était mis en
place. L’absence des personnels de médecine préventive de la police nationale pour
effectuer un suivi a également été soulignée. Les policiers auditionnés le 6 avril 2020
nous ont confié n’avoir eu aucun suivi médical depuis le 31 mars. Enfin, le manque
d’effectifs a été couplé à une consigne absurde, celle d’instaurer 7 jours de confine-
ment et de passer le reste du temps sur le terrain, alors même que les symptômes se
manifestent au bout de 15 jours et que cela a pu conduire au basculement de policiers
dans des brigades contaminées par le virus.
L’utilisation de stocks de protection datant de la grippe H1N1 a tardé dans l’adminis-
tration douanière . Au départ de la crise, l’administration douanière a laissé les agents
au fret postal, fret express et aéroport travailler sans gants et sans masques. Exigeant
une protection des agents, la CGT Douanes a demandé la limitation du nombre de
douaniers sur le terrain, le trafic de drogues ayant baissé entre 30 et 40% pendant le
confinement, et a obtenu de l’administration que les agents utilisent les stocks de
protection datant de la grippe H1N1. En effet, la CGT a lancé une alerte solennelle en
ouverture d’une réunion téléphonique avec le ministère dénonçant la détresse des
agents, qui se sont sentis abandonnés face à des instructions contradictoires les mettant
en danger. Certains douaniers ont été contraints d’aller au travail alors qu’ils pouvaient

