Page 73 - 1. COMMISSION COVID-G2.indd
P. 73
/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
73
PARTIE II
Le manque de médicaments, c’est l’impossibilité
de mettre sous respirateur toutes les personnes
qui le devraient. C’est des gens qui meurent
d’étouffement à cause de douleurs alors qu’ils auraient
pu être sauvés.
Pauline Londeix et Jérôme Martin, Observatoire de la transparence
dans les politiques du médicament
Les alertes ont été lancées dès le mois de mars par le président de la commission
médicale des Hôpitaux de Paris ainsi que par l’Observatoire de la transparence dans
les politiques du médicament. Sans réponse. Pire, lorsque notre groupe parlementaire
a interrogé le gouvernement le 31 mars 2020 pour relayer les angoisses des soignants
et demander à ce que soient réquisitionnés d’urgence les moyens de production pour
fournir ces médicaments indispensables, le ministre de la Santé avait alors répondu :
« Il n’y a aucune demande de limitation de recours à la morphine, auprès de qui que
ce soit. Je le dis, comme ministre de la Santé et des Solidarités, et avec gravité, parce
que ce n’est pas une information qu’on peut manipuler comme ça pour faire un effet
de tribune, il n’y a aucune demande de limitation de médicaments permettant de
lutter contre la douleur contre les patients » . Malheureusement c’était faux. Ainsi,
Anne Gervais, gastro-entérologue et hépatologue à l’hôpital témoignait : « On m’a demandé
d’arrêter d’utiliser de la morphine pour du valium. Ce week-end, j’ai accompagné une
personne en fin de vie, sans morphine. La situation est épouvantable ». Le Premier
ministre avait affirmé concernant les médicaments, lors d’une conférence de presse
fin mars : « dès que nous aurons le sentiment que la réquisition est nécessaire, il sera
procédé à des réquisitions ». Son gouvernement a ainsi refusé des réquisitions pourtant
urgentes, aux antipodes de la situation vécue par les soignants. La pénurie n’a pas été
évitée comme l’affirme le gouvernement puisqu’il a bien été demandé à des soignants
d’utiliser avec « parcimonie » et « frugalité » des médicaments.
On navigue à vue ! Parfois, nous sommes à moins d’un jour
de stock, contre trois à quatre semaines d’habitude.
4
Professeur Rémi Salomon, Haut responsable des Hôpitaux de Paris
Même dans cette crise, le gouvernement refuse d’accepter
une démocratie sanitaire. Les informations nécessaires
aux prises de décisions doivent être rendues publiques :
l’état des stocks, les marges sur les prix, les contributions
recherche et développement, etc.
Pauline Londeix et Jérôme Martin, Observatoire de la transparence
dans les politiques du médicament
4 / « Coronavirus : les soignants alertent sur un risque de pénurie de médicaments », Le Parisien, 16 avril 2020.

