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        PARTIE II



                           Les conditions d’accès aux masques révélèrent également l’incapacité du gouvernement
                           à contrôler l’économie pour protéger sa population. Face aux risques que les vendeurs
                           de masques profitent de la demande pour faire s’envoler les tarifs, la ministre Agnès
                           Pannier-Runacher refusa d’abord tout encadrement du prix, au prétexte fallacieux
                           « de ne pas freiner l’innovation » . Face au tollé suscité par ses propos, elle se résoudra
                           finalement à plafonner le prix de vente maximum d’un masque à usage unique à 95
                           centimes d’euros, tandis que le prix des masques réutilisables en tissu ne sera pas
                           encadré. Selon une enquête de l’association 60 millions de consommateurs parue le
                           jeudi 30 avril, ce tarif est plus de 10 fois le prix de ces mêmes produits avant la crise .


                           Le coût d’achat de masques devenu peu à peu indispensable fera donc peser une charge
                           financière importante sur les ménages. Toujours selon 60 millions de consommateurs,
                           la facture peut grimper entre « 100 et 200 euros par mois pour les familles nombreuses ».
                           Mais le gouvernement aura refusé la proposition du groupe parlementaire de la France
                           insoumise de garantir un accès gratuit à un certain nombre de masques de protection
                           par jour, nouveau signe d’une gestion de classe de la crise.



                           2 / TESTEZ, TESTEZ, TESTEZ

                           Au-delà des masques, la pénurie aura aussi guidé le gouvernement dans son refus de
                           mettre en place une stratégie de dépistage massif, pourtant recommandé dès le mois
                           de mars par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le 16 mars, le directeur général
                           de l’OMS, Adhanom Ghebreyesus donnait un conseil aux États membres : « Testez, testez,
                           testez » . L’idée était simple : il s’agissait d’effectuer un test de contamination auprès de
                           chaque personne suspectée d’être porteuse du virus, même si elle ne présente que de faibles
                           symptômes, avec l’objectif de pouvoir l’isoler et de rompre ainsi la chaine de contamination.

                                     La politique mise en place en phases 1 et 2 a été conditionnée
                                   par la pénurie de moyens de protection et non pas faite
                                   comme il aurait fallu idéalement. Idéalement, il aurait
                                   fallu disposer de masques et de tests. Dans d’autres pays
                                   asiatiques, la stratégie a consisté à tester beaucoup
                                   pour isoler les cas. La politique de confinement menée
                                   en France aurait été plus performante si on avait pu disposer
                                   de tests et avoir une politique plus orientée.
                                   Jacques Battistoni, Président du Syndicat Médecins généraliste de France

                                     Si le choix a été fait de confiner l’ensemble

                                   de la population, c’est parce que nous étions
                                   dans l’incapacité de faire des tests.
                                   Christophe Prudhomme, Porte-parole des médecins urgentistes de France

                           La France, elle, choisit de ne pas suivre ce conseil. Après un mois de confinement, une
                           étude comparative publiée par l’Organisation pour la coopération et le développement
                           économique (OCDE) est publiée le 15 avril. La France se situe parmi les plus mauvais
                           élèves, avec un nombre de personnes dépistées de 5,1 pour 1 000 habitants . C’est près
                           de trois fois moins que la moyenne des pays de l’OCDE, très loin derrière l’Allemagne
                           qui teste 17 personnes pour 1 000 habitants.
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