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PARTIE II
Cette absence de protection ne touche pas que le personnel de l’hôpital. Les structures
privées comme les EHPAD, les médecins généralistes ou les services départementaux
d’incendie et de secours (SDIS) y sont aussi confrontés.
Chez ORPEA, comme dans d’autres EHPAD privés
à but lucratifs, les instances dirigeantes n’ont pas pris
les devants pour fournir à leur personnel des masques,
du gel hydroalcoolique ou encore des surblouses.
Au contraire elles ont décidé, délibérément, d’attendre,
afin que l’État soit obligé de leur fournir ce type d’équipement.
Peu importe si les soignants de leurs établissements
ont dû travailler plusieurs semaines sans matériel
de protection adéquat, l’important pour les dirigeants
d’ORPEA c’était que ce soit l’État qui paie la facture.
Guillaume Gobet, Représentant CGT au sein du groupe Orpéa
Pour y faire face, les soignants s’organisent, bricolent, recyclent et font appel à la soli-
darité des citoyens. Certains proposent par eux-mêmes des masques de confection
maison ou fabriquent avec des imprimantes 3D des visières de protection. En psy-
chiatrie, selon Mathieu Bellahsen, il est fait appel à un réseau de couturiers et coutu-
rières bénévoles. Dans les petits SDIS, les sapeurs-pompiers lancent des appels aux
dons. Bref, c’est la débrouille . Mais de nombreux membres du personnel soignant
sont eux-mêmes frappés par la maladie.
On va vers une deuxième crise sanitaire des hospitaliers :
pour l’instant c’est 1 400 de mes collègues qui sont
en Covid-19, c’est hyper grave ce qui se passe, les protections
doivent arriver rapidement, c’est une question de vie
ou de mort, il faut arrêter de jouer avec la vie des gens
du médical mais aussi du social et médico-social :
on envoie les gens au carton !
Jean-Marc Devauchelle, Secrétaire général de la Fédération Sud Santé Sociaux
Pourtant, aucun suivi médical particulier n’est mis en place, pas plus qu’une procédure
de dépistage gratuite pour les soignants. Ainsi, Mathieu Bellahsen, psychiatre, aura
dû prescrire lui-même les sérologies à son équipe et les soignants s’acquitter sur leurs
frais personnels des 45 euros nécessaires pour le test. Nous n’avons recensé ici que
certains des témoignages reçus. Tous attestent de situations extrêmement tendues et
de manques réguliers de matériel de protection, à l’inverse des discours lénifiants du
gouvernement. Ils sont étayés par de nombreuses enquêtes dans la presse sur la gestion
de l’approvisionnement en matériel sanitaire et les souffrances des soignants.

