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                     Ce manque de test peut trouver plusieurs explications. C’est d’abord le résultat d’une
                     faible capacité de production nationale des automates nécessaires et d’un manque
                     d’anticipation du gouvernement dans la commande des kits de dépistage.

                                L’Allemagne réalise des détections « tout public » alors
                             qu’en France les tests ne sont réservés qu’aux cas graves
                             car nous n’avons pas suffisamment d’outils et de moyens
                             logistiques pour faire autrement. Cette différence s’explique
                             notamment par l’industrie dont dispose l’Allemagne,
                             mais aussi par le fait que dès l’arrivée du virus en Chine,
                             ils ont pris l’initiative de commander des kits. Un autre
                             pays intéressant à étudier serait la Corée du Sud, où le taux
                             de test est incroyable et leur permet de faire un confinement
                             sélectionné, plus efficace.

                             Patrice Marche, Directeur de laboratoire INSERM en Immunologie et directeur
                             adjoint de l’IAB

                     Une autre de ces explications tient à la sous-utilisation des laboratoires en capacité
                     de mener ce type de tests . C’est le cas, par exemple, des laboratoires vétérinaires ou
                     des laboratoires de recherche. Dès le 15 mars, l’Association française des directeurs et
                     cadres des laboratoires vétérinaires publics d’analyse (Adilva) propose de mettre à
                     disposition sa capacité estimée à environ 100 000 tests par semaine. Mais cette pro-
                     position restera lettre morte pendant plus de 15 jours , avant que le gouvernement ne
                                                                      2
                     se décide à publier le 5 avril les décisions nécessaires à leur utilisation, nécessitant la
                     signature par les laboratoires d’une convention avec un établissement de santé ou un
                     laboratoire de biologie. Deux semaines plus tard, seul un tiers des laboratoires avait pu
                     signer une telle convention .
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                                Je trouve anormal par exemple qu’un institut vétérinaire

                             en capacité de faire ce test se voit refuser l’agrément,
                             on doit donner après vérification l’agrément à tous ceux
                             capables de le produire. […] Aujourd’hui on refuse encore
                             aux hospitaliers d’être testés alors qu’ils sont au cœur
                             de l’action, c’est anormal, c’est une hérésie pour un pays
                             qui essaie d’être en pointe en termes de prévention :
                             on est encore à la ramasse !
                             Jean-Marc Devauchelle, Secrétaire général de la Fédération Sud Santé Sociaux


                     Les laboratoires publics de l’enseignement supérieur et de la recherche vont se heurter
                     aux mêmes types de difficultés. Le 22 mars, les directeurs de cinq organismes de recherche
                     publics (le CNRS, l’Inserm, l’Inrae, le CEA et l’Inria) engagent une démarche de recen-
                     sement de la capacité de dépistage au sein de leurs laboratoires dédiés normalement
                     aux activités de recherche. Celle-ci est finalement estimée à environ 100 000 tests par
                     jour d’après le CNRS. Mais un mois plus tard, en date du 21 avril, seul cinq laboratoires
                     sur la cinquantaine identifiés auront été associés à la stratégie de dépistage nationale.




                     2 / « Comment la France se prive de 150 000 à 300 000 tests par semaine », Le Point, 3 avril 2020.
                     3 / « Les raisons du fiasco français sur les tests », Le Monde, 24 avril 2020.
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