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                                L’outil industriel français n’est même pas capable
                             aujourd’hui de fournir le nombre de masques dont
                             on a besoin. Ce n’est pas difficile à produire : on pourrait
                             réquisitionner les entreprises textiles qui restent
                             en France pour produire des masques en quantité
                             et ne pas être obligés de faire un pont aérien.
                             Christophe Prudhomme, Porte-parole des médecins urgentistes de France

                     Quelques jours plus tard, en visite dans une usine de masques, le président de la République
                     livrera un discours sur la nécessité pour la France d’atteindre « une indépendance
                     pleine et entière ». Pour faire oublier les difficultés rencontrées dans les importations,
                     il vante la production des usines françaises, passée de 4 à 8 millions de masques par
                     semaine . C’est à peine un tiers de la consommation par semaine à cette date et largement
                     insuffisant pour couvrir les besoins de la population. Dans le même temps, le Maroc
                     produira chaque semaine plus de 20 millions de masques.

                                Il manque la volonté des décideurs pour y arriver : on fait
                             des lois de réquisition sanitaire mais on ne les applique
                             pas. À un moment où on a une crise sanitaire majeure,
                             la question ne se pose pas : on réquisitionne les moyens !
                             On ne tergiverse pas avec la vie des gens.
                             Jean-Marc Devauchelle, Secrétaire général de la Fédération Sud Santé Sociaux

                     Dans ce fiasco des masques, il faut souligner que de grands groupes privés semblent avoir
                     eu moins de difficulté à s’en procurer. Le 21 mars, les chaînes d’assemblage d’Airbus
                     rouvrent après une semaine de fermeture. Pour rassurer des salariés légitimement
                     inquiets, la direction d’Airbus précise que des mesures sanitaires exceptionnelles seront
                     mises en place et des masques seront portés lorsque l’activité ne permet pas le respect
                     de la distance d’un mètre. Ce sont plusieurs milliers de masques qui seront ainsi utilisés
                     chaque jour pour relancer une production pourtant non indispensable à la bataille
                     sanitaire.

                                Airbus organise un pont aérien avec la Chine pour redorer

                             son image mais l’entreprise conserve une partie pour
                             ses propres salariés. Nous, on pense que c’est déjà trop.
                             La priorité, c’était de donner tous ses moyens de protection
                             aux soignants.
                              Xavier Petrachi, Délégué syndical CGT Airbus

                     La grande distribution réussit également à se constituer très rapidement des stocks
                     de plusieurs centaines de millions de masques. Il ne s’agira pas, ici, de bien protéger
                     son personnel mais de pouvoir les mettre en vente à des prix exorbitants au moment
                     du déconfinement. Face à la polémique déclenchée par ces chiffres, les patrons de la
                     grande distribution feront marche arrière. Ils indiqueront que les chiffres annoncés
                     ne constituent pas des stocks mais des commandes passées. Mais les demandes de
                     publication de preuves effectuées par plusieurs élus et personnalités politiques restèrent
                     lettres mortes.
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