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PARTIE II
Vous nous dites qu’on est en première ligne, donc il faut faire
passer un message clair à la population : comment elle fait ?
Or, le mode d’emploi qui a été donné a été extrêmement
incohérent, contradictoire, ambigu. On a dit à la fois que
c’était le médecin généraliste qui était en première ligne
et en même temps qu’il ne fallait pas y aller. On nous
a dit qu’on serait submergés de travail et qu’on allait
nous décharger le plus possible. On s’est organisés
avec des consultations séparées, pour ne pas mélanger
les patients malades et les non malades, avec un patient
dans la salle d’attente à la fois et des consultations très
normées dans le temps, etc. Mais aujourd’hui, à cause
de cette communication contradictoire, on ne voit
quasiment plus de patients. Or, ce n’est pas parce que
les gens n’osent plus venir qu’ils ne sont plus malades !
Nous avons déjà plusieurs cas d’infections qui ne sont
pas ‘coronavirus’ mais où les gens ont mis leur vie
en danger parce qu’ils ont attendu et pas osé consulter.
Jacques Battistoni, Président du Syndicat Médecins généraliste de France
2 / DES SOIGNANTS EN PREMIÈRE LIGNE, MÉPRISÉS ET SANS ARMES
Dans cette situation, malgré le flou des consignes d’une administration débordée et
peu en prise avec le réel, le système hospitalier n’aura tenu que grâce au dévouement
incroyable des soignants . Ils furent pourtant laissés bien seuls et sans le matériel
nécessaire à l’exercice de cette mission.
La réalité des collègues sur le terrain c’est une impréparation
totale et qui perdure. Démunis de bras, démunis de respirateurs.
[…] On a certes appelé les gens qui étaient en congé,
en réserve, mais encore aujourd’hui on voit des impréparations
totales, des choses qui ne devraient pas se passer. Aujourd’hui
ceux qui sont au devant de cette épidémie y vont la fleur
au fusil, c’est inadmissible.
Jean-Marc Devauchelle, Secrétaire général de la Fédération Sud Santé Sociaux
Pour faire face aux besoins grandissants en personnel, la réserve sanitaire est mise
en place pour inviter tous les professionnels de santé en activité, sans emploi ou retraités
à venir renforcer le système de santé. Les étudiants infirmiers sont aussi mobilisés
mais traités avec mépris, payés en stage, parfois sans rémunération, pour 35 heures
de travail hebdomadaire.
Nous n’avons pas de valeur à leurs yeux, notre passion
est leur excuse pour nous exploiter…
Un étudiant en soins infirmiers, payé comme stagiaire

