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                     face aux pénuries en matériel ou en médicaments. Les recommandations des agences
                     régionales de santé, souvent déconnectées, deviennent un boulet aux pieds des soi-
                     gnants dans leurs efforts du quotidien, à l’image de la région Nouvelle-Aquitaine où
                     un document de recommandations de 67 pages pour les centres Covid est dénoncé
                     par des professionnels.

                                La gouvernance est pulvérisée : les équipes de soin
                             ont pris la main et les gestionnaires retrouvent leur place
                             naturelle, qui est d’être au service du soin, et pas au service
                             de la rentabilité. Voilà ce qu’on vit, un formidable élan
                             de motivation, où chacun retrouve pourquoi il avait,
                             au fond, choisi ce métier. Mais il ne faudrait pas que
                             demain on dise « c’était une parenthèse, maintenant
                             retournons au business », comme l’a dit le directeur
                             de l’ARS du Grand-Est.
                             André Grimaldi, Professeur émérite au centre hospitalier universitaire Pitié-Salpêtrière

                     La stratégie du gouvernement de miser uniquement sur l’hôpital et la faible association
                     des acteurs de la médecine de ville posent aussi question. Ainsi, les cas graves sont
                     pris en charge à l’hôpital mais les autres sont renvoyés à domicile sans mettre en
                     place de suivi particulier, ce qui conduit parfois à augmenter le niveau critique des cas
                     se présentant à l’hôpital.

                                Le choix fait par le gouvernement concernant le traitement
                             est de ne prendre en charge que les cas graves et laisser
                             les autres à domicile avec du paracétamol. Cela fait tout
                             passer dans les hôpitaux.

                             Annie Thébaud-Mony, Sociologue de la santé


                                La première phase, aussi, a été caractérisée par un « tout
                             sur les centres 15, tout sur le Samu » et rien pour le reste.
                             On aurait pu aussi imaginer commencer à construire
                             une organisation des soins en ville susceptibles de répondre
                             à tout ça. Il y a en gros 50 000 médecins généralistes
                             en France. Donc si chacun voit 20 patients dans la journée,
                             ça fait un million de consultations tous les jours. Donc
                             on a la capacité, en tant que profession répartie sur tout
                             le territoire, de voir énormément de monde !
                             Jacques Battistoni, Président du Syndicat Médecins généraliste de France

                     Cette stratégie s’accompagne d’un flou sur le rôle des médecins généralistes dans les
                     premières semaines du confinement ainsi que sur la continuité de la prise en charge
                     des autres maladies.
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