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PARTIE I
1 enfant est tué tous les 3 jours en France . Le manque de moyens humains et financiers
depuis des années conduisent à des conséquences inadmissibles : le personnel chargé
de mettre en œuvre les décisions du juge doit hiérarchiser les urgences. Pire l’égalité
des droits des enfants est bafouée car ce sont les départements qui ont l’aide sociale
à l’enfance à leur charge avec des disparités très fortes. Entre 2012 et 2016, le nombre
de prestations a crû de 5,7% là où les dépenses n’augmentent que de 4,3%. En somme,
le budget alloué à une mesure d’ASE décroît sur les 5 dernières années (DREES) .
La protection de l’enfance en France
est antirépublicaine.
Lyes Louffok, ancien enfant placé,
membre du Conseil National de la Protection de l’Enfance, reportage sur France 3
Les chiffres sont glaçants à bien des égards . Un quart des personnes sans-abris est
passé par l’aide sociale à l’enfance. Pour ceux qui sont privés de toit entre 18 et 24 ans,
la proportion monte à plus d’un tiers. Seul 20% des jeunes placés obtiennent un bac-
calauréat ou plus, et la moitié n’ont aucun diplôme à 17 ans (INED 2016). La déscolarisation
lors de l’année d’entrée dans un établissement d’accueil concerne plus d’un élève sur
sept. La moitié des jeunes sortis de l’ASE avant 18 ans sont sans emploi et sans forma-
tion 18 mois plus tard.
La proposition de loi qui devait obliger l’État à financer un contrat jeune majeur qui
permettait aux jeunes d’être pris en charge jusqu’à ses 21 ans a été vidée de sa substance
en février 2019 par le gouvernement d’Édouard Philippe. Alors que l’Allemagne accom-
pagne les enfants placés jusqu’à 27 ans, que l’Argentine accompagne jusqu’à la fin du
cursus, la France continue de faire sortir à 18 ans les jeunes de l’ASE et à ne pas mettre
les moyens humains et financiers pour que les enfants soient protégés.