Page 53 - 1. COMMISSION COVID-G2.indd
P. 53
/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
53
PARTIE I
doit être pleinement comprise : ce ne sont pas quelque choix hasardeux ici ou là mais
bien les fondements économiques de la construction européenne qui sont convoqués
à la barre. Ils ne sont d’ailleurs qu’une illustration d’un mouvement plus général : celui
des dégâts du néolibéralisme et de la mondialisation à l’échelle planétaire. En effet, la
domination des acteurs financiers est consacrée et renforcée par l’ordre juridique
international .
Le problème c’est l’enjeu économique
qui est effrayant : concernant la recherche
de vaccin, les compagnies développant
les vaccins voient leur cours en bourse être
multiplié par 2, 3 ou 4, Il se crée des bulles
financières autour des vaccins.
À partir du moment où on financiarise le côté
santé, on a ce type de problèmes. L’accès
au médicament est une financiarisation
aussi en fait du problème de la santé.
Jacques Haiech, Professeur émérite de biotechnologie à l’Université de Strasbourg
La financiarisation et le cadre de l’OMC a achevé de tout transformer en marchandises,
y compris les biens communs et les besoins fondamentaux tels que la santé. Les accords
de libre-échange et les accords de l’OMC ont mis en concurrence les systèmes écono-
miques entre eux, entraînant un nivellement par le bas des normes écologiques et
sociales et ruinant toute souveraineté nationale . Pire, en situation de crise sanitaire,
la garantie apportée par l’OMC à la propriété intellectuelle sur les médicaments est
une « protection si forte qu’elle contribue au maintien du prix élevé des médicaments,
grève les budgets de la santé au Nord comme au Sud, et limite considérablement l’accès
aux médicaments pour ces derniers. Ils se retrouvent en effet incapables de payer les
prix imposés par l’industrie pharmaceutique et, dans le même temps, ils n’ont plus le
droit d’importer des médicaments génériques encore sous brevet s’ils ne peuvent les
produire eux-mêmes ». Ainsi comme évoqué par Aurélie Trouvé (ATTAC) dans son
7
audition, l’OMC organise un libre-échangisme mondialisé qui tue les possibilités de
productions locales, y compris pour les pays du Sud, et donc des moyens de faire face
par eux-mêmes à des situations de crise majeure.
7 / Jean-Christophe Graz, La gouvernance de la mondialisation, Paris, Éditions La Découverte, 2010.