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        PARTIE I



                           médical, notamment des sondes de très bonne qualité qui seront utilisées dans les centres
                           de réanimation durant l’épidémie de Covid-19. D’autre part, l’entreprise est florissante :
                           en 2018, elle affichait 6 millions d’euros de bénéfice nets, une augmentation de 11% par
                           rapport à l’année dernière. Pour se justifier, l’entreprise communique sur une « concurrence
                           accrue sur le marché des dispositifs médicaux » et sur le « durcissement des contraintes
                           réglementaires, en particulier en France ». Mais ce durcissement vient d’une raison
                           simple : une directive européenne a été adoptée  suite  au  scandale  des prothèses
                           mammaires PIP, qui ont fait des milliers de victimes. L’entreprise met donc en place un
                           PSE pour se soustraire à une norme censée protéger la population. Dans ce scandale, la
                           France n’a pas seulement rien fait : elle a même donné à cette entreprise, sans aucune
                           contrepartie. Car Peters Surgical bénéficiait de fonds publics : son fonds d’investissement,
                           EURAZEO, a bénéficié de 660 000 euros d’aides de l’État et du dispositif de « zone franche »
                           pour son site à Bobigny. Voilà où mène l’idéologie libérale du « en même temps », qui
                           demande à l’État à la fois d’aider les grands groupes et « en même temps » reste passif
                           lorsqu’une entreprise délocalise .

                           Nos gouvernants ont également complètement oublié que l’industrie fonctionne comme
                           un ensemble de relations, comme un système. Ce qui compte ce sont les relations qui
                           existent entre les entreprises, par exemple entre un grand groupe et ses sous-traitants.
                           La question de la qualité des relations au sein du système industriel est pourtant
                           extrêmement importante.



                           4 /  LA SOUS-TRAITANCE À OUTRANCE :
                              UNE FRAGILISATION DE PLUS DE NOTRE INDUSTRIE


                           La sous-traitance à outrance : c’est le problème que vivent les salariés d’Airbus. « Au-
                           jourd’hui, 80% de la valeur d’un avion est produit par la sous-traitance » souligne
                           Xavier Petrachi, délégué CGT Airbus. Elle permet aux grands groupes de s’exonérer de
                           leurs responsabilités patronales et de faire diminuer les coûts de production au détriment
                           de salariés.

                                     La sous-traitance à outrance fragilise
                                   nos industries.

                                   Xavier Petrachi, CGT Airbus

                           Mais de ce fait, la société Airbus est très fragilisée. Car si une entreprise sous-traitante
                           ferme ou devient défaillante, c’est l’ensemble de la chaîne de production qui en subit
                           les conséquences ! C’est un paradoxe nocif pour l’activité industrielle : alors que la
                           sous-traitance explose, les destins des différentes entreprises qui travaillent pour Airbus
                           sont de plus en plus liés. «  Le  destin  des  sous-traitants  est  lié à celui d’Airbus, et
                           vice-versa. On a appelé ça le « destin lié » : aujourd’hui c’est d’autant plus vrai. Et il faut
                           surveiller très finement la situation de la sous-traitance parce que c’est le tissu industriel,
                           c’est là qu’il y a les emplois sur le territoire (...) » remarque Xavier Petrachi. Pourquoi tout
                           externaliser, si au final chaque maillon de la chaîne devient une source supplémentaire
                           de fragilité pour Airbus ? Au-delà de cette fragilité, c’est aussi la question du donneur
                           d’ordre et de la cohésion de l’appareil de production qui se pose. Lorsque la sous-traitance
                           est présente dans le conseil, dans la technique, dans l’ingénierie, que les entreprises se
                           multiplient, les mesures à prendre pour affronter l’épidémie de manière coordonnée
                           deviennent bien plus complexes !
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