Page 48 - 1. COMMISSION COVID-G2.indd
P. 48
/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
48
PARTIE I
médical, notamment des sondes de très bonne qualité qui seront utilisées dans les centres
de réanimation durant l’épidémie de Covid-19. D’autre part, l’entreprise est florissante :
en 2018, elle affichait 6 millions d’euros de bénéfice nets, une augmentation de 11% par
rapport à l’année dernière. Pour se justifier, l’entreprise communique sur une « concurrence
accrue sur le marché des dispositifs médicaux » et sur le « durcissement des contraintes
réglementaires, en particulier en France ». Mais ce durcissement vient d’une raison
simple : une directive européenne a été adoptée suite au scandale des prothèses
mammaires PIP, qui ont fait des milliers de victimes. L’entreprise met donc en place un
PSE pour se soustraire à une norme censée protéger la population. Dans ce scandale, la
France n’a pas seulement rien fait : elle a même donné à cette entreprise, sans aucune
contrepartie. Car Peters Surgical bénéficiait de fonds publics : son fonds d’investissement,
EURAZEO, a bénéficié de 660 000 euros d’aides de l’État et du dispositif de « zone franche »
pour son site à Bobigny. Voilà où mène l’idéologie libérale du « en même temps », qui
demande à l’État à la fois d’aider les grands groupes et « en même temps » reste passif
lorsqu’une entreprise délocalise .
Nos gouvernants ont également complètement oublié que l’industrie fonctionne comme
un ensemble de relations, comme un système. Ce qui compte ce sont les relations qui
existent entre les entreprises, par exemple entre un grand groupe et ses sous-traitants.
La question de la qualité des relations au sein du système industriel est pourtant
extrêmement importante.
4 / LA SOUS-TRAITANCE À OUTRANCE :
UNE FRAGILISATION DE PLUS DE NOTRE INDUSTRIE
La sous-traitance à outrance : c’est le problème que vivent les salariés d’Airbus. « Au-
jourd’hui, 80% de la valeur d’un avion est produit par la sous-traitance » souligne
Xavier Petrachi, délégué CGT Airbus. Elle permet aux grands groupes de s’exonérer de
leurs responsabilités patronales et de faire diminuer les coûts de production au détriment
de salariés.
La sous-traitance à outrance fragilise
nos industries.
Xavier Petrachi, CGT Airbus
Mais de ce fait, la société Airbus est très fragilisée. Car si une entreprise sous-traitante
ferme ou devient défaillante, c’est l’ensemble de la chaîne de production qui en subit
les conséquences ! C’est un paradoxe nocif pour l’activité industrielle : alors que la
sous-traitance explose, les destins des différentes entreprises qui travaillent pour Airbus
sont de plus en plus liés. « Le destin des sous-traitants est lié à celui d’Airbus, et
vice-versa. On a appelé ça le « destin lié » : aujourd’hui c’est d’autant plus vrai. Et il faut
surveiller très finement la situation de la sous-traitance parce que c’est le tissu industriel,
c’est là qu’il y a les emplois sur le territoire (...) » remarque Xavier Petrachi. Pourquoi tout
externaliser, si au final chaque maillon de la chaîne devient une source supplémentaire
de fragilité pour Airbus ? Au-delà de cette fragilité, c’est aussi la question du donneur
d’ordre et de la cohésion de l’appareil de production qui se pose. Lorsque la sous-traitance
est présente dans le conseil, dans la technique, dans l’ingénierie, que les entreprises se
multiplient, les mesures à prendre pour affronter l’épidémie de manière coordonnée
deviennent bien plus complexes !